La démocratie en perte de sens.
Ce n’est certainement pas prémédité, puisqu’il s’agit d’événements extérieurs, mais les partis attachés au pouvoir en Belgique se sont fort bien accommodés de la guerre en Ukraine, comme du Covid ces deux dernières années.
Comment ne pas se concentrer sur ces calamités à la fois différentes et proches par les inquiétudes qu’elles soulèvent, se défendent-ils.
Oui, mais entretemps, les mois et les années défilent. Les personnes qui se soucient encore des programmes et pourquoi il y eut coalition entre socialistes et libéraux, sont pris pour des fâcheux, presque des gens insensibles au malheur.
Alors que, mine de rien, tout est en train de changer, que cela se sent et que ce gouvernement n’est plus que de circonstances, comme lorsqu’on va déposer sa carte dans un funérarium et qu’on y serre les mains de gens à qui on n’adresserait pas la parole en d’autres occasions.
Les journaux qui ont abandonné leur mission de publier des informations même contradictoires pour en démêler l’écheveau en toute impartialité, ont immédiatement sauté sur l’occasion pour faire leur manchette de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine. Silence complet sur la politique de ce gouvernement, malgré les changements de cars de ces champions du patinage artistique verbal.
Nous entrions dans la pandémie avec comme religion l’austérité et 3 % de déficit selon la règle européenne. Nous en sortons avec des dépenses supplémentaires par milliards d’euros. Cela ne signifie pas que ces dépenses supplémentaires étaient superflues. Elles étaient sans doute nécessaires pour la santé de la collectivité.
Mais alors, la pauvreté qui galope en Belgique, la multitude de pauvres gens que l’on radie des indemnités de survie, les CPAS qui outrepassent les lois pour imposer des questionnaires illégaux aux demandeurs, la pléthore des fonctionnaires qu’on jette aux trousses de ces petits resquilleurs allocataires sociaux, toute cette politique enfin de rattrapage de quelques millions de l’Etat perdus dans les méandres du malheur, était-elle nécessaire ? Ne pouvait-elle pas, elle aussi, être entreprise avec d’autres calculs, dans un sens plus généreux, en attendant une nouvelle politique plus juste, puisque la pandémie nous a permis de voir qu’il n’y avait pas de règles absolues à l’austérité ?
Au contraire, ce qui fut fait pour lutter contre le Covid-19 ne put se faire sur un programme du gouvernement. C’est ainsi que le plan de Karine Lalieux pour la pension minimale à 1500 euros, semble abandonné ou conforme aux augmentations dues à l’inflation, ce qui n’est en aucune manière une progression du pouvoir d’achat.
De la pandémie à la guerre, nous voilà reparti pour une nouvelle reculade du gouvernement. Ce qui avait été prévu pour le budget des Armées est complètement dépassé. On ouvre les vannes et des milliards vont se déverser dans des équipements, la plupart américains, au lieu d’être européens ce qui eut été plus cohérent. Là aussi, au vu des circonstances, l’effort est compréhensible, mais est incompatible avec l’ancien accord des partis de la coalition d’Alexander De Croo. Un nouveau battage des cartes mériterait cependant des débats à la Chambre, un vote de confiance et de reconduction du gouvernement. Et non, rien, le gouvernement reste en place, on change complètement de cap, mais ce n’est pas grave !
Enfin, le problème le plus douloureux, celui de l’accueil des émigrés. On a eu raison d’ouvrir les bras à ceux qui fuient l’enfer de la guerre en Ukraine. Ce sont des émigrés temporaires. La plupart rejoindront leur pays le jour où les envahisseurs russes auront largement récolté de butins et rentrer chez eux partager les dépouilles. Mais les autres, victimes d’autres guerre, comme celle du Yémen ou de Syrie, comment les distinguer des demandeurs économiques du Maghreb qui cherchent la moindre faille dans nos règles frontalières pour s’infiltrer surtout en période « porte ouverte », comme si la Belgique était un supermarché ?
A-t-on entendu une seule discussion sur le sujet ? N’y avait-il pas au départ de la Vivaldi un accord sur l’immigration ? Comment concilier ce qui se passe aujourd’hui avec ce qui avait été décidé ?
Ce qui a fait débat et dont les journaux ont parlé est le nucléaire. Avec les perspectives sombres en matière d’énergie à venir, il était logique d’ouvrir les discussions. Elles furent intéressantes parce qu’elles étaient sans surprise pour le maintien des Centrales. Tout le monde le savait. C’était une sorte de faux problème.
Ainsi, le seul vrai débat avec la remise en question des accords précédents mettant fin à l’électricité nucléaire était un débat bidon !
Tout cela au su et au vu de tout le monde et dans l’indifférence générale.
Comme quoi la démocratie est une fiction qui n’a de règles qu’extrêmement vagues et élastiques, et qui ne sert de protection qu’à la propriété, à l’actionnariat et la liberté d’entreprendre.
Les Citoyens n’y ont pas grand-chose à dire. Que les Autorités se méfient, que les citoyens n’y aient plus grand-chose à faire.