Urne casse-burnes.
Peut-être moins la Flandre, mais la Wallonie et Bruxelles sont directement concernés par le résultat des élections législatives des 12 et 19 juin prochains en France.
L’influence française sur nos mœurs, notre culture et l’organisation sociale de notre société est énorme.
Plus qu’en France, la Belgique, plus bourgeoise, plus craintive de l’avenir, tient toujours Macron pour une personnalité du centre, défendant la banque et le rentier avec le « bon » sens de l’austérité et des sacrifices unilatéralement destinés aux populations pauvres. Tout ce qu’aime Georges-Louis Bouchez qui doit vouer à Macron une admiration sans borne. Les gens ordinaires tiennent le président des Français pour le grand ami des riches, de l’Europe conservatrice néolibérale, dans un oxymore qui le caractérise parfaitement : le tout et son contraire, convaincu que le seul chemin possible est la mondialisation.
Ces élections mettront un point final au suspens sur l’ampleur du mandat du président Macron et les contours de son programme.
Inutile d’appuyer sur la plaie, tout le monde voit bien, tant en France qu’en Belgique, l’échec du système politique dans ses tentatives de recoller aux gens une démocratie qui part en morceaux. L’absence criante d’une représentativité réelle des populations ajoute au désenchantement général, alors que monte la vague de fond du mécontentement social.
La réélection de Macron est un mauvais remake d’une situation qui date de Jospin battu par Jean-Marie Le Pen. Depuis le cordon sanitaire, dont on use et abuse encore en Belgique, a été, en France, le convenu d’une comédie du pouvoir dans laquelle l’électeur finit par adouber un président qu’il déteste et contre lequel il avait voté au premier tour.
Bis repetita, l’élection présidentielle est retombée dans des travers qu’une majorité écrasante d’électeurs espérait éviter. Elle annonce un nouveau quinquennat sans élan et sans espérance, mais dans lequel vont souffrir les petits revenus. Le président sortant se trouve reconduit par défaut alors que la plupart des Français estiment que son bilan est mauvais (56 %), que depuis cinq ans la situation du pays s’est dégradée (69 %), que son programme est dangereux (51 %) et qu’il sert surtout les intérêts des privilégiés (72 %). C’est donc uniquement par rejet de l’extrême droite que des millions d’électeurs de gauche se sont résignés à voter pour un président contre lequel certains sont déjà prêts à descendre dans la rue. Les occasions ne vont pas leur manquer : baisse du pouvoir d’achat, relèvement de l’âge de la retraite, inaction climatique, augmentation des taux d’intérêt, dispositif punitif contre les chômeurs.
« Il y a cinq ans, l’hebdomadaire britannique The Economist, proche de l’extase, représentait le président français en couverture. On le voyait marcher sur l’eau vêtu d’un costume aussi étincelant que son sourire fanfaron. Pour une bourgeoisie mondiale que le Brexit et l’irruption de M. Donald Trump à la Maison Blanche venaient de frapper de stupeur et d’effroi, l’arrivée sur la scène internationale de M. Macron s’apparentait à une revanche. Elle en escomptait le reflux du « populisme » d’extrême droite en Europe au profit du libéralisme « progressiste » et de la mondialisation. Il ne reste plus grand-chose d’une telle illusion. Avec la crise sanitaire et hospitalière, les difficultés d’approvisionnement énergétique et la guerre en Ukraine, les thèmes de la souveraineté, du pouvoir d’achat, de la relocalisation des activités, de la planification écologique occupent une place croissante dans le débat public. Au point que le 10 avril dernier, à l’issue du quinquennat de M. Macron, la gauche de rupture a conforté son influence, et l’extrême droite nationaliste, que la politique du président sortant prétendait endiguer, a fortement progressé ». (Le Monde Diplomatique)
L’impasse se dessine à l’horizon, il est toujours possible que les REM fassent le plein d’électeurs avant de faire passer la mayonnaise de REM à Renaissance, mais il est tout aussi imaginable de voir la coalition de gauche menée par Mélanchon rassembler les électeurs abstentionnistes et faire de ce parti de coalisés un gagnant.
D’après Marianne, le programme de la coalition n’est pas si révolutionnaire que ça et il est très jouable.
Les dernières péripéties du nouveau gouvernement Borne avec ce ministre repêché au PR et sur lequel pèse des soupçons de viol, à cela ajoutons la situation délicate du ministre de l’Intérieur sur le même plan sexuel, à quinze jours des élections, cela pourrait être les affaires de trop dans la sphère du président qui n’en manque pas sur d’autres plans, financiers notamment.
Ce serait un Macron les ongles coupés dans une coalition obligée avec un Mélenchon premier ministre. Cela rappellerait la cohabitation de Mitterrand avec Chirac et de Chirac avec Jospin.
Nous aurions un quinquennat inédit. Les plans politiques s’annulant, ce serait un drôle de match. Beaucoup plus excitant que ce que le gouvernement Borne proposera des arriérés de la Macronie, les réformes sur les pensions et la retraite à 64 voire 65 ans.