Élections et déconfiture probable de LREM.
Publiée sur le Blog Richard3, cette chronique à paraître dimanche 12 juin n’a pas la prétention de jouer Madame Soleil pour annoncer une victoire ou une défaite de Macron au premier tour des élections législatives en France.
Ce que l’on peut déduire de la situation actuelle, c’est le délitement de la majorité LREM du précédent quinquennat, par quelques signes qui ne trompent pas. La première chose qui saute aux yeux, c’est le désenchantement des députés macronistes. Partis fleur au fusil et sourire vainqueur aux lèvres en 2017, la macronie élue promettait un renouvellement complet de la vie politique de manière à rendre aux Français de l’intérêt pour la démocratie républicaine. Cinq ans plus tard, la situation dans ce domaine est pire qu’elle n’était. Ecœurés du vide abyssal de leurs mandats, nombreux sont les députés REM à ne pas se représenter aux élections de ce dimanche.
Christophe Castaner, tête de gondole du groupe LREM à l’Assemblée Nationale, avait chiffré le nombre de déserteurs à une trentaine. Ils seront cinquante-quatre sortants à ne pas se représenter ! À ceux-là s’ajoutent les défections en cours de législature, ce qui devrait tourner aux alentours de cent députés qui vont manquer à la macronie. Certes, ces découragés seront remplacés par des nouveaux postulants, mais dont le plus grand nombre risque de mordre la poussière.
Cent députés en moins, pour le Président, c’est l’obliger à prendre la voie des compromis et qui sait, devoir se soumettre aux conséquences d’un vote hostile, avec peut-être, l’obligation pour lui de prendre contact avec Mélenchon !
Rien n’est fait et le pouvoir actuel n’en est pas encore là, mais qu’on admette comme possible une pareille alternative dans la grande presse est un signe qui ne trompe pas.
Parmi les députés macroniens qui se représentent tout dévoués à leur chef, certains ont conscience qu’ils vont au casse-pipe sans munition dans leur besace. Ils se disent fatigués et se voient quasiment partout en difficulté. Les plus inquiets sont ceux qui n’ont jamais pu s’intégrer dans leur circonscription, soit parce qu’ils y ont été parachutés, soit parce que leur permanence aurait été déserte ou, même pire, taguée, façade souillée dans l’indifférence goguenarde des voisins.
Certains critiquent même les Institutions sur le pouvoir réel d’un député au Parlement. Ce faisant, sans le vouloir, ils s’adressent indirectement au président actuel de la République qui a une conception trop personnelle dans ses rapports avec le gouvernement et les députés de la majorité.
Sur les 308 députés LREM élus au printemps 2017, ils ne sont plus que 266 à l'heure actuelle.
Les députés issus de la société civile n'avaient aucune expérience militante ou institutionnelle au moment d’entrer à l'Assemblée nationale. Ils ont été happés et comme anéantis par l’engrenage parlementaire.
Pour être réélu, il faut travailler le terrain, répondre aux demandes de ses administrés et en même temps satisfaire aux présences nécessaires au Parlement. Ce qui fait beaucoup pour des novices qui sont surpris par la générosité de l’État à leur égard, ce qui, pour certains, se réduit à la belle vie avec chauffeur et secrétaire. Les dimanches sont les plus pénibles avec la tenue du permanence jusqu’en fin d’après-midi et la constante obligation de convaincre les sceptiques que LREM est le parti où tout est possible, alors qu’eux-mêmes ont l’expérience du contraire.
Pour être réélu, le jeune député doit devenir une figure publique dans sa circonscription ou se glorifier à Paris d’appartenir à une lointaine province. Les élus de LREM novices sont tous frappés par la brutalité du monde politique. Une raison souvent tue publiquement, les démissionnaires préférant mettre en avant des arguments plus idéologiques.
La famille du LREM, créée en 2017, a échoué à s’imposer au sein d'un Parlement qu'elle promettait de dynamiser, autrement que par le nombre, en faisant montre de servilité aux propositions de loi dont aucune n’était issue de leur groupe, mais venait de l’Élysée via Matignon.
Un constat amer à faire dans les rangs de la majorité : l'opération renouvellement a échoué.
Certains élus LREM se rebiffent. Dans la 5e circonscription des Français de l'étranger, le député Stéphane Vojetta avait été mis sur la touche au profit de l'ancien Premier ministre Manuel Valls. Il a décidé de faire dissidence en maintenant sa candidature malgré l'absence d'appui de son parti. Il a gagné. Du coup la macronie tente de le récupérer.
Emmanuel Macron fait marcher son monde à la baguette. Son autorité présidentielle relègue le Parlement à un rôle secondaire. L’électeur s’en est aperçu. Il n’aime pas que le député pour lequel il vote ne soit qu’une marionnette dans les mains du président. On se demande si l’échec probable de la macronie en ce premier tour ne sera pas la conséquence de cet autoritarisme dont on perçoit tous les jours les outrances. C’est d’autant plus perçu que le bilan de ce premier quinquennat est on ne peut plus décevant. Les incidents aux abords du Stade de France, en marge de la finale de la Ligue des champions entre le Real Madrid et Liverpool, témoignent de la maladresse du pouvoir. alors que l’image de la France s’est dégradée ces derniers mois pour les fautes grossières du pouvoir en place, toujours niées avec un certain cynisme par les responsables du chaos.