DÉMISSION !
Les politiques ont tort d’oublier les fondamentaux qui les lient aux électeurs, dans le cadre d’une démocratie acceptable.
Cet oubli risque d’être funeste aux signataires du contrat entre les partis de la composante Vivaldi. C’est à tout le moins ce qui résulte de l’entrevue chez Alexander de Croo de ce dimanche entre le premier ministre et les ministres concernés, au sujet du budget et de la refonte des pensions en un système plus équitable.
La situation financière du pays est évidemment déplorable. Les structures fédérales et régionales sont bien trop onéreuses, comme la largesse des citoyens à l’égard de leurs mandataires creuse davantage le déficit à combler.
Ce serait trop beau qu’on y eût évoqué ce qui précède. Non, il n’a été question que de raboter les trop grosses pensions au profit des minuscules, ce qui a été rejeté par tout le monde par souci d’éviter la démagogie.
Bref de ce colloque singulier, il n’est sorti qu’un constat, celui du marasme financier dans lequel nous sommes. La discussion se poursuit en matière de pension avec, comme de bien entendu, les opinions contradictoires de Messieurs Magnette et Bouchez.
C’est justement là que ça coince et que le citoyen s’en trouve dupé et par l’un et par l’autre.
Le système pourrait durer mille ans sans problème si les Citoyens n’avaient pas de plus en plus de mémoire. Or, ce n’est pas le cas. La mémoire est même l’élément le plus contrariant pour des gouvernements de compromis dans lequel chacun va de son petit avantage à l’intention de ses électeurs pour y entrer et défendre avec raison ce pourquoi il s’y est inscrit, pour ensuite tout oublier de ce qui avait été promis et n’a pas été accompli.
Un grand défenseur de ce principe du compromis qui caractérise tous nos gouvernements de coalition est incontestablement Elio di Rupo. C’est depuis ce doctrinaire étatiste et royaliste que l’on doit les alliances les plus contre nature et les contrats entre les parties les plus biscornus.
S’il y a bien des gouvernements « impossibles » virant à des situations ubuesques, c’est bien depuis qu’Elio est le démiurge du parti socialiste.
Jusqu’à présent, on ne sait par quel anesthésiant de la foule, tous les contrats de gouvernement ne se sont jamais terminés tels que prévus par les accords d’engagement des partis. Des événements locaux non souhaités, aux conditions internationales nouvelles, aucun des compromis formant les gouvernements depuis plus de vingt ans n’a été respecté.
Personne parmi les élites du pouvoir ne s’est posé la question de savoir ce qu’en pensent les électeurs. La petite popote des initiés a toujours été réglée dans les affaires de la Belgique, en ne tenant compte que de l’avis du Haut Lieu !
Les engagements électoraux, la parole donnée, les propositions enfin coulées en compromis acceptés par tous, rien de cela n’est regardé avec sérieux. Dès qu’un gouvernement se forme, c’est un soulagement avec des « ouf » de l’avoir échappée belle. C’est tout.
Eh bien ! ces messieurs ont grand tort.
Est-ce que oui ou non, la participation socialiste à la Vivaldi n’était pas conditionnée à l‘accord préalable sur les pensions à 1500 € minimum ? N’était-ce pas le raisonnement de Paul Magnette approuvé par la ministre Karine Lalieux ? La question à débattre portait sur le net ou le brut de la chose. On se doutait bien que le brut allait être préféré.
Les dernières déclarations d’Alexander de Croo corroborées dans une interview par Georges Gilkinet, nous remet à des années lumières de l’objectif des 1500 €.
« Il faut financer les pensions, mais croire que c'est en prenant à certains pour donner à d'autres dans le cadre du système de pensions actuel, donc faire des réformes idéologiques qui ne sont pas efficaces d'un point de vue budgétaire, mais qui amènent encore plus de personnes, après leur carrière, dans une situation de pauvreté, ce n'est pas le bon plan » affirme le ministre Gilkinet.
Il n’est question que de sauver la sécu et les pensions, antienne combien de fois entendue.
Reste la question qui tue.
Si le contrat liant le PS et Karine Lalieux portant sur la pension à 1500 €, condition sine qua non de l’accord gouvernemental de Paul Magnette, est abandonné, que font encore le PS et Karine Lalieux au gouvernement ?
Ne conviendrait-il pas que ce parti et sa ministre en constatant une rupture du contrat, démissionnent et que ce gouvernement tombe ?
C’est la seule issue pour ce parti, s’il veut encore respecter ses électeurs.
Le reste n’est qu’embrouillamini de politiciens magouilleurs dont le public a assez !