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Quand Woke rénove et dénonce !

En pleine crise inflationniste, des patrons s’attèlent à l’idée de se rapprocher de leurs salariés « pour affronter la tempête ensemble ».
Ils profitent que le wokisme a traversé l’Atlantique pour s’en prévaloir en Europe.
Désormais certains fauteurs de troubles économiques, responsables de la stagflation, se tournent vers leurs employés en se posant en victimes de leurs propres turpitudes.
Faiblesse des syndicats, les voilà sensibles à ce chant des sirènes libérales.
L’ancien slogan des syndicats, le plus souvent entendu scandé avec force : « tous ensemble – tous ensemble » qui n’exprimait que le désir de voir CSC et FGTB unis dans le même combat, s’est adjoint le « avec nous – avec nous » des patrons !
La confusion serait totale, si une méfiance instinctive des travailleurs ne leur faisait redouter une arnaque quelque part, faisant reculer les syndicats dans leur bel esprit collaborationniste.
Le wokisme, n’est pas une religion mais se comporte comme tel en Amérique. C’est une rédemption des anciens durs du capitalisme qui jurent bien que l’entreprise n’est pas une machine à cash pour les actionnaires, mais un creuset où se confondent les intérêts d’un tout : patrons, travailleurs, syndicats, tous ayant intérêt à la réussite de l’entreprise sous peine d’en payer les conséquences : faillite et pertes d’emplois.
Le cancel qui vient derrière réveille l’instinct pervers des « patriotes » dénonçant des voisins à la gestapo de 41 à 44 !
De prime abord, des gens pourraient trouver le wokisme assez chouette. À bien y réfléchir, ce ne sont pas les personnels qui décident des orientations, ni des projets de l’entreprise. Pourquoi devraient-ils prendre une part des responsabilités de la direction, là où ils n’en ont jamais eu aucune ?
Idem des salaires seulement en fonction des critères qui leur échappent.
Le patron gère son entreprise selon les desideratas des actionnaires. Ces derniers sont à cent lieues de s’impliquer dans des structures dont ils n’attendent que de la rentabilité, à moins que les chiffres soient dans le rouge, pour exercer une pression sur le CEO, lequel procède alors à des licenciements la plupart du temps.

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Par le passé, le patronat avait déjà tenté le coup, bien avant le wokisme. En 1938, le monde fait face à la « montée des périls », sur fond de crise économique mondiale. Très bien informé des réalités, notamment allemandes, le pasteur Buchman, qui est alors le leader respecté d'un mouvement chrétien international appelé Groupes d'Oxford, est convaincu que le réarmement militaire allemand conduira à une guerre catastrophique. Lors d'un meeting réunissant 3 000 personnes à l'hôtel de ville de East Ham, à Londres, le 29 mai 1938, il lance alors une campagne pour le "réarmement moral".
Après la guerre, en Belgique, le Réarmement moral est relancé par le Lieutenant-Général André Lesaffre. Des personnalités belges comme Paul-Henry Spaak ou Jean Rey en ont été proches. Très vite l’argument patriotique cède la place à l’argument économique. Il perdurera jusqu’aux années 70.
Ses initiatives concernent le plus souvent la formation civique, la consolidation de la paix, le dialogue et l’éthique dans le domaine économique. Il aborde les thèmes de la démocratie, des droits de l'homme, du multiculturalisme, de la sécurité économique, etc.
Les différences avec le wokisme tiennent dans l’élargissement des thèmes à l’écologie, au racisme et à l’égalité entre les sexes.
Mais l’idée est la même, faire de l’employé un responsable de l’entreprise sans pour autant aller jusqu’à lui céder des fonctions qui restent de la compétence des employeurs. Tout revient à l’identique des patrons de 38 à ceux de 2022 : « Donner l’illusion au personnel d’être les gestionnaires en tout comparables au pouvoir de direction, sans l’avoir vraiment et sans en tirer profit ».
Dans les grandes entreprises, c’est en général le directeur des relations humaines, appelé ainsi parce que cela fait mieux que chef du personnel, qui a pour mission de convaincre ses subordonnés du wokisme.
Faire travailler plus, gagner la même chose, en exaltant les bons sentiments des crédules est la face cachée d’un libéralisme qui n’a jamais été aussi dangereux et toxique depuis la mondialisation.
Seulement voilà, même de ce point de vue, le wokisme a été dénoncé lors d’une réunion du club de Davos, comme dangereux. Devant la vague d’entreprises qui revendiquent leur engagement pour le climat, contre le travail forcé ou pour l’égalité et la diversité, les conservateurs redoutent que certains patrons ne mélangent la politique aux affaires.
Bien sûr que le busines est intimement lié à la politique, l’influence complètement au point d’en être devenu le maître, mais il s’agit ici de la politique d’en-dessous, celle qui gère par syndicats interposés, la vie sociale des entreprises. Le grand patronat préfère de loin des rapports distants présageant une guerre ouverte entre le fric et le travail. Ainsi les choses sont claires et les rapports de force bien établis. Ils n’ont pas confiance dans le menu fretin des petits industriels, certains sont à deux doigts de la faillite !

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