Quelle crise ?
Le président Macron en a sorti une bien bonne devant la presse, dans une com avant le Conseil des ministres de ce 24 aout. Fin de l’abondance... de l’insouciance a-t-il déclaré l’air navré en s’inquiétant d’une « série de crises graves ».
Comme si un bon quart des Français, et peut-être plus, avait autre chose qu’une inquiétude du lendemain et la peur aux ventres de ne plus pouvoir nourrir ses enfants !
Et en Belgique, puisqu’on imagine mal que ce qui se passe en France en économie ne puisse pas avoir d’effet, Alexander De Croo n’aurait rien à dire sur la fin de l’abondance ?
Si, bien sûr, mais chez nous les libéraux sont plus malins Ils font leur coup en stoemeling.
Les discours pour se mettre en vedette, on connaît. Mais, est-ce bien malin de se faire le porte-parole d’une nouvelle traversée du désert ? Les prophètes du malheur sont rarement populaires.
Seule similitude avec la France mais elle est de taille, un gros paquet de Belges déjà dans le besoin, avant celui qu’on annonce, va davantage courber l’échine, tandis que la classe politique et la bourgeoisie de souche tenteront de se dissimuler sous les oripeaux de la classe moyenne inférieure dont les malheurs sont assez proches de ceux des ouvriers pauvres.
C’est du belge après tout. On fait dans le pire aussi comme partout, mais ça ne se voit pas trop !
Comment les libéraux vont-ils repeindre le décor en gris en même temps d’affirmer que le libéralisme à l’européenne est le top du néolibéralisme moderne, c’est-à-dire blanc éclatant comme un officier de la marine américaine ?
Par exemple, les coupures de courant dont Macron a menacé les Français, qu’est-ce que Georges-Louis Bouchez va bien pouvoir inventer pour en accuser les chômeurs ?
Et De Croo comment faire comprendre que l’inflation est une bonne manière de nous rendre plus économes, moins gaspilleurs, plus écolos en somme, tout en jetant un voile discret sur le monde de sa classe, bambochant et en grosses voitures, si certains de ces riches en prenaient l’envie ?
On s’est arrangé, en Belgique, à faire vivre une démocratie dont les gens qui l’activent ne représentent en rien l’opinion du plus grand nombre. Mieux encore, ces activistes sont tous ou presque dans la catégorie « riche et hors du besoin » donc à cent mille kilomètres des préoccupations au quotidien du gros de la population.
Qu’importe, l’élite a réponse à tout en ne prévoyant rien de ce pourquoi on la paie.
On en connaît qui préparent les Belges à se serrer la ceinture, la panse pleine et le verre à la main.
On nous a par la conscience, le patriotisme, la défense de la liberté patronale qu’on dissimule sous la liberté tout court.
Les graves difficultés ne viennent jamais des mauvaises solutions prises par l’élite dirigeante, mais par des facteurs extérieurs indépendants du pouvoir. La cherté du pain, des pâtes, de la farine, la guerre en Ukraine ! Est-ce qu’on en peut de la guerre en Ukraine ? L’envolée du mazout, de l’essence, du gaz, la faute à la Russie. Le discret 10 % supplémentaire du matériel informatique, les abonnements plus onéreux de tout ce qui touche à l’électronique et les gadgets eux-mêmes, la faute aux Chinois.
Est-ce que les riches se plaignent du prix de la bouteille de Moët et Chandon ?
On en profite même pour nous embrigader dans la nouvelle idée d’une armée à l’européenne, c’est-à-dire otanisée avec un matériel cent pour cent américain ! Les milliards d’euros versés dans ce nouveau gouffre financier, la faute à Poutine.
La faute à De Croo, Magnette, Bouchez ? Jamais.
Eux n’ont officiellement qu’une préoccupation assurer notre bonheur, malgré tout et les temps difficiles.
Comment ? Ont-ils des preuves à nous donner sur ce qu’ils comptent faire d’autant qu’ils avaient tout anticipé, vu et contrôlé ?
Non, la Belgique est un petit pays dans lequel la concorde règne, l’entente parfaite entre les classes sociales. Si ça a merdé, il faut regarder ailleurs… il faut faire confiance.
Pendant ce temps, alors que tout semble se plomber que bientôt aller au cinéma, acheter un magazine ou se faire un restaurant le samedi soir, entrera dans le domaine de l’impossible, il suffit de jeter un œil dans les endroits chics, des clubs privés de golf ou des belles relations, rallye, salons d’affaires, pour voir à notre grand étonnement comme tout brille, s’anime et pétarade.
Yachts privés à un million la caisse, avions privés et voyages d’agrément là où on respire encore, pêche miraculeuse en eau transparente et après-midi sous les cocotiers, existent plus que jamais pour des Belges en pleine forme, de ces gens étonnés que leurs compatriotes soient si peu prévoyant que personne n’y a prévu un groupe électrogène pour produire de l’électricité perso en cas de coupures !