Maginot ou Siegfried ?
Peu à peu des transformations majeures de l’Europe exposent aux foules un aspect inattendu des conséquences de la guerre en Ukraine, entre autres, un réarmement massif de l’Allemagne !
Plus de 75 ans après la fin du nazisme, cette remilitarisation entraînera des conséquences pour les 27 pays de l’UE.
Dominant déjà économiquement l’ensemble des industries européennes, l’Allemagne est en passe de faire la pluie et le beau temps en Europe, aujourd’hui par sa puissance industrielle, demain par la puissance de ses canons !
Poutine s’est fichu un doigt dans l’œil sur tous les tableaux en Ukraine. Son corps expéditionnaire, l’élite de son armée, est en passe de s’effondrer devant le patriotisme inattendu des Ukrainiens La puissance de feu américaine y est pour beaucoup. Indépendamment de la politique, l’occasion était trop belle à Jo Biden de se défaire de ses armes d’hier, pour laisser à ses entrepôts la place des armes de demain.
Indirectement, par ses maladresses Poutine restera surtout dans l’Histoire contemporaine, l’homme qui aura permis le réarmement de l’Allemagne. C’est un comble, pour quelqu’un qui prétextait extirper le nazisme à Kiev !
Le tableau ne serait pas complet si, pour le malheur de la Russie, son chef n’avait pas ainsi placé l’Allemagne exactement dans le cadre d’une Europe allemande, idéal que s’était fixé Adolf Hitler dans « Mein Kampf » !
Bien sûr l’Allemagne n’est plus ce bloc de 80 millions de fanatiques autour de la personne du chancelier. Quel est l’État qui ne profiterait pas de l’aubaine d’une situation prépondérante dans les transformations actuelles du rapport de force d’une Europe en pleine crise ?
Le chambardement majeur qui s’opère sous nos yeux remet dans l’actualité « la question allemande » comme en 1938 !
L’absurde Guerre froide longue d’une quarantaine d’années entre les Alliés et l’URSS eut quand même un côté positif : une Allemagne de l’Est (RDA) détachée de la souche mère germanique, ce qui permit à une nouvelle génération d’Allemands d’abominer la guerre et le nazisme.
L’OTAN qui fit les heures chaudes de tension entre le communiste et le capitalisme n’avait pas un mauvais jugement de la situation tendue de l’époque par la voix de son tout premier secrétaire Lord Ismay « L’OTAN sert à garder les États-Unis dedans, les Soviétiques dehors et les Allemands sous contrôle ».
La chute du Mur en 1989 et la réunification allaient rebattre les cartes que l’on crut heureusement tenue fermement par une Europe qu’avaient voulues le Général De Gaulle et Konrad Adenauer.
En 2022, l’Europe par la Commission et sa cheffe Ursula von der Leyen est sous tutelle allemande. Tous les postes stratégiques sont soit dirigés, soit accompagnés d’un haut fonctionnaire allemand.
Le « garant » latin mit par le président Macron à la présidence, le pâlot Charles Michel, est un arriviste comme on n’en fait plus qui n’a pas la stature pour résister à la puissance allemande.
Ainsi, s’est établie par la force des choses une hégémonie à peine cachée d’au-delà du Rhin.
Le « couple » franco-allemand célébré aux trompettes françaises, jusqu’aux jours de guerre de février en Ukraine, n’a jamais été qu’une aimable plaisanterie pour le partenaire des Français. Mine de rien, Angela Merkel a mis en boîte François Hollande et Emmanuel Macron, jusqu’à leur faire fermer la centrale de Fessenheim trop proche de la frontière.
L’abandon de tous les programmes communs de défense entre l’Allemagne et la France au profit des armes américaines, chars, avions, drones, fusées, est un fameux coup de semonce à la Bismarck. Le seul allié « sûr » de l’Allemagne et des autres pays plus à l’Est, reste les États-Unis d’Amérique.
Le président Macron, comme ses prédécesseurs se sont plantés dans leur conviction d’égaler l’Allemagne en tous les domaines, alors qu’ils sont perdants partout : déficit commercial, dette souveraine, etc. Le couple n’a jamais été assorti. Gretchen avait une dot confortable et les moyens de la faire fructifier. Le bellâtre vantard et narcissique n’avait que son bagout de VRP !
Le rêve français d’une entente européenne pour une armée capable de défendre son sol de manière autonome, c’est fini !
Comme l’a écrit Pierre Lellouche dans le Marianne 1339 « l’UE apparaît la chose « made in Berlin ». À cela on y ajoute une grosse affinité élective de l’Amérique qui s’est assurée la clientèle d’une majorité significative des 27, dont la Belgique. On a une idée de ce que sera l’Europe après la guerre en Ukraine : une succursale définitive des USA, dont la maison mère est à Washington.
C’est-à-dire une Europe croupion sans autre avenir que le capitalisme pur et dur de Wall Street, l’opposé de ce qu’en espérait Robert Schumann et Jacques Delors.