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Pour une grève au finish !

Enfin les syndicats se bougent le cul et on est parti pour une grève générale ce mercredi.
À l’heure où se sont écrit ces lignes, il était impossible de dire si l’affaire fut un succès ou un échec.
Dans le fond, c’est sans importance. Le principal est acquis, le personnel gagé des syndicats est sorti des bureaux, déployé des drapeaux et fait sortir les affiliés des entreprises. Les autres, dans le temps on disait les jaunes, sortiront ou ne sortiront pas. Ainsi est faite la vie des gens de basses conditions, c’est même à ça qu’on les reconnaît, la misère ne prête pas à la solidarité, sinon le gouvernement serait par terre depuis longtemps et il n’y aurait plus de pauvres !
Les syndicats socialiste et chrétien entendent relayer les inquiétudes des travailleurs face à l’inflation galopante et la flambée des prix de l’énergie mais aussi face aux salaires qui restent bloqués au-delà de la simple indexation. On est tous bien d’accord.
Pour une fois, seul le syndicat chrétien est droit dans ses bottes. Son parti-gourou « les engagés » est désengagé de toute obligation avec le pouvoir ; ce n’est pas le cas du tuteur de la FGTB. Le PS s’est embringué dans un gouvernement anti-social et libéral pur sucre pour une fallacieuse conquête d’une pension honorable pour tous, qui ne se fera pas.
On voit d’ici le discours de Bodson tout en demi-teinte et rose sans épine. L’Extra-dry eût été de mise si le PS avait été comme les Engagés dans l’opposition.
Quant aux libéraux de la CGSLB, ce syndicat est trop amoureux des patrons et de leur monstrueux profit pour s’insurger contre le sort que le MR réserve aux quelques rares pauvres types qui y adhèrent.
Blocage des prix de l’énergie et augmentation des salaires ne sont en somme que modestes revendications, histoire d’entraîner une foule de gens ballottée dans l’inconscience d’une société qu’elle n’appréhende plus, tout assottée de plaisir à décérébrer un bœuf.
Du temps d’André Renard, pourtant lui aussi socialiste bon teint, on eût tout de suite mis le doigt sur la plaie « est-il admissible que l’inflation injecte des milliards de profits supplémentaires aux seuls actionnaires ? ». ce qui aurait été un motif suffisant pour entamer une grève générale non-stop illimitée !

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Les ouvriers de 1960 étaient-ils donc plus intelligents que ceux de 2022 ?
Le seul indice d’acquiescement tient dans la pression que les syndicats de l’époque exerçaient sur les leaders socialistes, déjà en train de mûrir une entente avec les libéraux sur le devenir de l’intangible système économique libéral.
Depuis la loi de 1996 sur la progression maximale que pourront afficher les salaires dans le secteur privé, les syndicats se font avoir à chaque coup dans les pourparlers avec les patrons. Cette fois-ci c’est jusqu’au trognon ! Personne n’imaginait que l’euro ne vaudrait plus rien pour un litre d’huile de tournesol ou une flambée de gaz afin de cuire ses pommes de terre.
En 2017, le gouvernement Michel a durci cette loi de ’96 pour l’adapter encore plus précisément aux salaires des pays frontaliers, France, Allemagne, Pays-Bas. L’homme de Macron savait bien que cela allait nous mener au blocage des salaires.
Sur le temps que le gouvernement libéral subventionnait les entreprises (8 milliards 2 en 2020, les salaires faisaient tintin .
Si l’Union Européenne est un machin que nous avons mis sur des roulettes, ce n’est pas pour qu’elle nous roule sur les pieds, ce qu’elle fait régulièrement avec les lascars libéraux qui glosent aux vitrines de cette association qui va finir, je le crains , en association de malfaiteurs.
Prendre des mesures nationales pour plafonner les prix, sans se préoccuper des radotages d’Ursula von der Leyen, c’était la seule chose qui reste à faire et qu’on ne fera pas. Le gouvernement d’Alexander De Croo est bien trop engoncé dans le pardessus libéral pour tenter quoi que ce soit dans le domaine de la défense citoyenne, contre la gloutonnerie des actionnaires.
« On ne parle plus ici seulement de pouvoir d’achat, mais bien de celui de vivre dignement », épilogue la FGTB.
C’est un peu tard de s’en apercevoir maintenant, mais c’est dit quand même.
Voilà plus d’un an qu’on sent poindre la crise économique avec son cortège d’injustices sociales. Une grève d’un jour, c’est comme au rugby, un essai des trente mètres est toujours hasardeux. Il n’est même pas sûr que les syndiqués aient pris la mesure des enjeux.
Une grève au finish aurait eu de la gueule. On aurait vu les libéraux frôler l’apoplexie de rage, les socialistes se lancer dans des appels à la reprise du travail, mais foutre de nom de dieu ! c’est le seul moyen des travailleurs de casser les pattes de la bourgeoisie triomphante et qui se moque des gens depuis que ceux-ci ont décroché au profit de la gaudriole, les méninges à sec et le cœur ailleurs.

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