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31 décembre 2022

DES INÉGALITÉS.

Fichu monde ! Fichu système ! Les progrès des sciences et des techniques en économie libérale réduiraient la pauvreté à une peau de chagrin et donneraient à tout le monde les moyens d’entreprendre ? C’était même pour cette raison que le socialisme classique s’était déterminé à adhérer au système en abandonnant le principe de la lutte des classes.
Force est de reconnaître en entrant dans une nouvelle année, qu’il n’en est rien. Les économistes classiques ont trompé les gens. Le socialisme s’est intégré dans le libéralisme avec enthousiaste, à présent il ne sait plus que faire, se considère floué par la classe bourgeoise et ne suit plus les tenant du système qu’en traînant les pieds.
Les partisans du système ne désarment pas. Ils clament haut et fort que l’ouverture des frontières dans le cadre de la mondialisation, et les dérégulations qui l’ont accompagnées, ont permis de créer de nombreuses richesses, de sortir des centaines de millions de Chinois, d’Indiens de la misère et des pauvretés les plus dramatiques, de diminuer les privations dans un contexte d’échanges internationaux croissants.
Depuis quand, dans une affaire qui concerne l’Europe, va-ton chercher des arguments en-dehors du sujet ? Alors qu’il n’est pas prouvé que les Chinois et les Indiens nous doivent l’essentiel de leur actuelle progression économique ! Et que fait-on de l’Afrique dans ce bond en avant ?
Aurait-on oublié qu’en décentralisant nos entreprises vers l’Asie, nous n’avions qu’à l’esprit de faire travailler les peuples « sous-développés » à seule fin d’augmenter nos profits ?
Le constat est sans appel. Cette politique a aggravé les inégalités chez nous. Elles se sont amplifiées dans les dernières décennies. C’est ce que montre la stagflation qui sévit en Europe, en mettant sous le nez de tous la purulence du système et ce à propos d’un conflit à nos portes qui n’a rien à voir avec nos malheurs, tout au plus les a-t-il faits ressortir.
On constate un creusement des inégalités dans la plupart des pays industrialisés devant l’emploi et les revenus du travail, avec à la clé un chômage de masse comme c’est le cas en Belgique, notamment pour les moins diplômés, les jeunes et les femmes.
Les inégalités devant l’emploi entraînent des inégalités devant l’accès aux revenus et aux conditions de vie matérielles, ce qui conditionne les inégalités sociales. Comme dirait Bourdieu « l’ensemble ne peut qu’engendrer de l’inégalité dans les inégalités ».
On fait l’impasse en Belgique sur les disparités en termes de qualité de vie, le pouvoir de se faire entendre et de défendre ses intérêts et ses droits.

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Le gouvernement tient compte de l’avis des riches, surtout lorsqu’ils s’organisent en cartels, en associations d’intérêts, avec les moyens de financer leur organisation, comme la FEB et les clubs caritatifs, tandis que les organisations syndicales restent dans des défenses corporatistes et ne prennent la mesure de la pauvreté qu’à travers les revendications de leurs affiliés, abandonnant à leur sort toutes les autres victimes de cette société inégalitaire.
Certaines structures sociales comme l’école peuvent accroître ou réduire des inégalités initiales. Un enfant né dans un milieu analphabète a peu de chances d’être lettré, excepté s’il accède à sa scolarisation avec l’aide extérieure d’un substitut, afin de pallier aux connaissances limitées de son milieu. Beaucoup de gens confrontés à des inégalités ressentent un sentiment d’injustice du fait des inégalités qu’ils subissent.
Les économistes libéraux tiennent des propos à ce sujet qui sont des supercheries. Selon eux, ce serait à l’acteur seul d’émettre une préférence pour les études, le travail, les revenus, les loisirs. Ce serait une erreur fatale que de conditionner ou d’harmoniser les comportements.
Dit autrement, toute recherche d’une société égalitaire serait suicidaire car synonyme d’uniformité, d’inefficacité, de contre-productivité et finirait par devenir totalitaire. Seule l’égalité juridique des individus est essentielle. Pour le reste, l’efficacité économique exige des incitations, des prises de risques, de la concurrence. On peut même considérer que les inégalités sont source de progrès dès lors qu’elles améliorent le sort des plus défavorisés (théorie de Rawls).
Une inégalité est juste si elle permet d’accroître le revenu des plus pauvres davantage que ne le permettrait un statu quo. Qu’importe si la croissance économique est l’objectif majeur de toute société pour peu qu’elle réduise les inégalités. Le cœur du débat est donc de savoir si le libéralisme économique est à même de limiter les inégalités bien plus que l’absence de ce même libéralisme.
Le hic dans cette belle théorie en usage en Belgique depuis toujours, le libéralisme aggrave les inégalités plutôt qu’elle ne les corrige, d’après tous les constats récents. Nous devons le doute aux Trente glorieuses (1945-1973), qui fit illusion à une époque où le paternalisme agissait encore. Il est piquant de voir la paternalisme resurgir dans les efforts de l’État à compenser par des aides, les défaillances du système, moteur des inégalités.
Le libéralisme ultra ne s’embarrasse pas de règles sauf celles des règles du marché ; ses opposants dénoncent son caractère arbitraire, injuste et humiliant.
Lutter contre les inégalités et les pauvretés relatives et essayer de faire que chaque acteur ait l’espoir d’améliorer ses conditions de vie est un objectif des gauches. Toute régulation, des mécanismes du marché, doit être exploré. Ce que le PS ne fait pas..

30 décembre 2022

FIN de la RÉCRÉATION.

Cela a toujours été une aventure que les enseignants connaissent bien : transmettre son savoir à des enfants. Les conditions ne sont plus les mêmes que celles d’antan, cette vieille école représentée sur des images d’Epinal : une classe avec un poêle à charbon et un instituteur en cache-poussière gris sur une estrade. Les ministères de l’Instruction publique se sont succédé depuis, enserrant dans des carcans tout ce qui était de l’ordre personnel issu de l’expérience de vie du maître, en les réduisant au programme officiel.
C’est ce programme officiel qui fait débat aujourd’hui.
Le choix est clair, il convient de former la jeunesse aux besoins de l’économie libérale, ajoutant aux techniques ce que l’on reprend à l’humanisme et la connaissance du français. Cette mise aux normes de la civilisation industrielle n’était possible que par l’adhésion des partis politiques de gouvernement. Le coup de barre est ancien. On pourrait le rapporter vers le milieu des années soixante.
D’ajout en ajout, le programme s’est tout à fait spécialisé dans cette idée que l’étudiant est aux études pour apprendre un métier et rien d’autre !
On voit aujourd’hui le résultat. Les textes sortis des universités sont pleins de fautes d’orthographe. Le wokisme ayant mis à la mode les raccourcis, on n’est pas encore au bout du dépeçage en écriture abrégée.
Mais, par-dessus tout, le résultat de cet acharnement des programmes à la chose concrète, on a oublié un élément fondamental à l’enseignement, celui de donner à l’éducation le sens du questionnement et de la critique.
En transformant les directives des programmes, en véritables obligations de les appliquer à la lettre, on a ainsi presque interdit de les passer au peigne fin. Or, ces programmes ont tous abandonné ce qui fait l’intérêt d’une culture humaniste : l’ouverture à la pensée libre, la découverte de connaissances dépourvues de la nécessité d’apprendre des techniques, donnant un peu de place à la culture.
Le mot est lâché, on a élargi le champ des connaissances techniques en rabotant le temps imparti aux Arts et aux Lettres. Ces cours de connaissance générale n’existent plus que dans certaines sections « spécialisées » que d’aucuns appellent en se moquant des « usines à chômeurs ».

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Malgré les efforts de la propagande officielle sur les qualités nouvelles de l’enseignement, toutes les statistiques sont en accord complet, le déclin continu de l’intelligence critique et de la connaissance de la langue augurent de la catastrophe qui nous attend endéans les prochaines années.
Les réformes scolaires imposées par des partis qui se sont couchés devant l’impératif des emplois dans le monde du libre échange sont essentiellement responsables du désastre !
Jusqu’à présent le grand public, tout assotté de jeux électroniques et des facilités qu’offrent google et les sites de recherche, ne voit pas le piège dans lequel il est tombé.
Le but poursuivi par les ministres de l’Instruction publique est désormais limpide : tous les étudiants doivent être engagés dans la guerre économique mondiale amorcée dans les années quatre-vingt sous l’appellation d’une nouvelle doctrine : le néolibéralisme.
Nous sommes en train de fabriquer les populations de demain : besogneuses et passives. Voilà le résultat de cette étrange logique qui pousse les sociétés modernes à détruire les acquis qui ont fait de nos Anciens des acteurs de l’émancipation sociale et du travail négocié par des syndicats puissants en désaccord avec les vérités officielles et le prêchi-prêcha des classes aisées.
Les failles du système ne se révèlent bien qu’en état de crise. Justement nous y sommes, stagflation, guerre à nos portes, Covid-19 pas mort, sans ouvrir un autre chapitre sur l’écologie résultat direct du productivisme, suite logique d’une frénésie de croissance du PIB.
Cette réalité est effacée par le respect du programme exigé de l’enseignant.
Lui aussi a été transformé en un transmetteur de la « Voix de son maître » et malheur à qui s’en écarte.
Que faudrait-il pour décoincer le monde étriqué et morne que le plan du ministère impose au personnel ?
Une prise de conscience des partis semble nécessaire. On en est loin.
Cependant, il n’y a pas d’issue fatale. Tout ne semble pas perdu. Les réformes sont si proches des élucubrations du wokisme sur la question de l’enseignement, qu’il faudrait peu de choses pour que les élucubrations ministérielles sombrent dans le ridicule.
Pour la bonne cause, en plus de l’esprit critique, il faudrait aussi réinventer l’humour, chose interdite sur les plateaux de télé, fort décriée parce que subversive.

29 décembre 2022

AUX ENVIEUX EN BURN-OUT

De quoi on se plaint ? La neige est toujours aussi blanche à Garmisch-Partenkirchen qu’à Chamonix. Il faut voir la Reine Mathilde slalomer sur les pistes. Les enfants, l’avenir du Royaume, au remonte-pente dans la bonne humeur d’une belle journée ensoleillée et le roi Philippe, bourreau de travail, sur la terrasse privée écrivant ses discours pour les occasions de la rentrée.
« Mes chers compatriotes… », après le reste vient tout seul, une question d’habitude. « La Reine et moi, sommes bouleversés par… etc. etc. ».
Tagada, tagada, fait la jument préférée d’Alexander De Croo sur les terres de la famille achetée à moins de cent sous les 100 m² par un grand père fermier économe. La jument piétine un peu les labourages d’automne, les fermiers qui louent l’immense étendue mettent cela sur le compte de la jeunesse de Mijnheer Alexander.
– Hoger dan dat kenden we hem niet... Hij had al een ponytje van zijn laatste Sinterklaas van die goede Monsieur Hermann.
Et d’étendre le bras à hauteur de leur braguette.
La reine de la popularité, c’est elle, Sophie Wilmès. Dans le cœur des Belges, à fond la caisse, depuis son retrait de la politique pour soigner son mari, Christofer ! Rentrée depuis sur les bancs libéraux à la Chambre en catimini, sans qu’on sache si Christofer va mieux ou si…. C’était le moins après avoir fait de la com, clamé haut et fort que la famille passait avant tout, ce qu’on comprend, il aurait été décent qu’un tout petit mot réjouisse le cœur des fans de la libérale. A moins que ce ne soit pour rafler au passage des indemnités parlementaires nécessaires à une autre survie, celle du ménage ? On se perd en conjectures. Le public souffre de ce silence.
Qui dit que la crise est sévère et que ce n’est pas fini, est un obscurantiste-complotiste qui jette ses encres fétides comme le poulpe, pour noyer le poisson.
Pas plus tard que l’année dernière, Jean-Claude Marcourt, président du parlement de la Région wallonne, part avec son greffier Frédéric Janssens soutenir les produits wallons d’exportation à Dubaï.
Le fromage de Herve est apprécié des chameliers.
Ils sont jeunes, la belle soixantaine, ils sont libres, ils sont heureux ! Qu’est-ce qu’on leur reproche ? d’avoir défendu les produits de notre terroir ? Pour rencontrer des émirs, friands du sirop de Liège, ils descendent à l'hôtel Burj-al-Arab, le plus luxueux hôtel de Dubaï. Que vouliez-vous qu’ils fassent ? Les émirs ne se coincent pas entre deux boutiques d’un souk.
À la Dubaï Marina, l'architecture particulière et gigantesque, les saisit. Ils nouent des relations avec un CEO bourré de pétrodollars qui aime les points-de-croix des dentellières namuroises. C’est vrai, ils l’avouent, ils perdent un peu la tête en visitant l'immeuble le plus haut du monde, la Burj Khalifa, avec Aïcha, une guide des Émirats dont le corps s’agite au seul bruit du naqqara. Marcourt, poète et musicien, achète un instrument pour une poignée de dollars afin d’en jouer secrètement entre deux réunions du Parlement.
Souffrant d’hémorroïdes depuis peu, le greffier Frédéric Janssens veut payer de sa poche le supplément dans le Boeing de retour pour passer en classe affaire aux meilleurs rembourrés. Jean-Claude Marcourt, prend ses responsabilités. Ce sera offert par la Région. Depuis quand chipote-t-on sur le prix des transports de nos élus et de nos hauts fonctionnaires ?
Et voilà qu’un an plus tard le public se déchaîne sur de soi-disant « folles dépenses », alors qu’ils ont fait l’impasse de leurs vacances sur la Semois, pour représenter notre coq hardi dans ces nouvelles démocraties prometteuses d’avenir ?

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Ah ! que le peuple est ingrat…
C’est tout juste si le peuple ne réclame pas la présence au bureau, de la noria des parlementaires en vacances de neige, tous introuvables en dehors des pistes, en ce mois de décembre 2022 !
Encore heureux qu’on ne remette pas à l’ordre du jour les voyages de Di Rupo en Italie, reçu partout en vice-roi de Belgique, mécène bienveillant des jeunesses studieuses de la terre de ses ancêtres.
Ce qui arrive est incompréhensible. Est-ce que l’Europe rechigne à payer les voyages de Charles Michel et d’Ursula von der Leyen aux quatre coins du monde ? Ils ne vont tout de même pas être reçu par Joe Biden le matin et répartir l’après-midi, dans l’avion qui rapatrie des menottés extradés des USA !
On va finir par remonter jusqu’où ? Les enrichis des affaires anciennes, ceux des hélicoptères Agusta jusqu’aux arrhes perçues par les affairistes politico-juridico-financiers du Kazakghate, Armand De Decker, Stefaan De Clerck, Didier Reynders, pourquoi pas tant qu’on y est.
N’ont-ils pas droit à leurs congés payés comme tout le monde ? Mégoterait-on sur le séjour éternel de Bel Armand au cimetière d’Uccle ?
On finira par revenir sur la condamnation définitive d’Alain Mathot, comme s’il n’avait pas payé les amendes rubis sur ongle, avoir droit au pardon et des vacances en Thaïlande, dont il est resté sous le charme pendant ses emmerdements.
Oui, de quoi on se plaint, bande d’envieux ?

28 décembre 2022

L’uchronie belge.

Les gens ne s’intéressent qu’à ce qui relève de leur côté intime, à leurs petites affaires, plutôt qu’au sort incertain de la Belgique et, par-delà, l’Europe et le monde. Parer au plus pressé de nos existences relèverait du bon sens, sauf qu’on oublie en pleine crise mondiale, de faire une place aux interrogations plus larges.
Lorsque les sujets éloignés de notre quotidien deviennent centraux, c'est l’ordre dans lequel sont sériés nos priorités qui est bouleversé. La guerre en Ukraine est de ceux-là. Plus le citoyen européen vit près des frontières ukrainiennes, plus il est concerné. Le sort de la Belgique endéans les deux législatives qui viennent procède du même ordre, à la différence de l’Ukraine, nous ne sommes pas au bord d’un conflit, nous sommes dedans !
Il est vrai que nous ne pesons pas lourd sur les enjeux actuels en politique intérieure. Et encore, les journaux qui pourraient commenter les événements fédéraux, ne le font que du bout des lèvres, sinon, au prix d’un effort insuffisant à confondre les impératifs locaux et nationaux. La ville de Liège, proxénète en triplant les taxes sur les salons de la galanterie tarifée (heureusement cassé par voix de justice), nous tire l’œil plus volontiers que la veillée d’arme en Flandre d’une ixième réforme de l’État.
Ce qui se cache derrière le paravent de la morale en politique est gravissime. Comment et sous quel Régime allons-nous vivre demain ? On voit bien que l’actuel est à bout de souffle et qu’il peine à trouver une majorité après de longues démarches des formateurs. Les accords ne sont que des propositions qui souvent resteront lettres mortes, détruits parfois par ceux-là même qui les avaient proposés. Le système se satisfait de son surplace au bord du gouffre. Ce pays, dans l’état actuel des choses, n’est plus gérable.

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La morale en politique est-elle un but en soi ou simplement un paravent à l'impuissance des élus écrasés par une fatalité, celle de ne pas s’être adaptés à l’aujourd’hui, en vivant la politique d’hier ?
Il existe des situations où le rappel à la plus élémentaire morale individuelle et civique s'avèrent un préalable à tout échange d'idées. La création de zones linguistiques dans un État d’abord unitaire, puis fédéral était une folie. Y avoir cédé résume tous les malheurs du présent.
Ce découpage honteux faisant des citoyens en principe libres de penser et de parler dans une langue, des rattachés au français ou au néerlandais par la force de la loi, fit définitivement de la Belgique, un pays hors du champ des libertés d’une démocratie.
Des « facilités » à la périphérie de Bruxelles au rattachement des Fourons à une Communauté qui à l’origine n’était pas la sienne, même si la majorité a basculé par l’apport des résidents néerlandais qui ont fait l’appoint des voix pour la Flandre, reste l’épisode de trop qui déjà condamnait la Belgique.
À chaque mise en cause ou à chaque condamnation d'un responsable, s’entend un concert de joie des militants politiques du régime linguistique adverse. Cette animosité aurait quand même dû interpeller le citoyen sur l’immoralité des Lois amenant à l’immoralité des justiciables et des juges.
L'effet boomerang est garanti quand l'indignation d’alors est confrontée à celle que nous vivons en 2022.
Le recours compulsif à la justice que nous avons vécu dans un rôle linguistique qui ne pouvait trancher qu’en faveur de celui-ci, s’il a conforté le point-de-vue d’Olivier Maingain en son temps, n’a laissé qu’amertume d’un côté et sarcasme de l’autre.
C’est du passé, n’en parlons plus, disent les Belgicains. Hé oui ! on n’en parle plus depuis que la Flandre domine la Belgique pour en faire ce qu’elle voudra. Les blessures sont cachées et ne se cicatrisent pas.
Et justement, la Flandre est en position de faire ce qu’elle voudra en 2024.
Le débat public n'est pourtant pas ennemi de la complexité de notre fédéralisme qui au fil du temps est devenu une usine à gaz monstrueuse. Il ne doit pas être non plus l'ennemi du concret et de la vision future. Quelle est cette vision ? Sinon que ceux qui croyaient que le fédéralisme actuel conserverait sous cape tous les avantages à la classe dirigeante rêvant toujours de l’État unitaire, peuvent déchanter. Le risque de la pente que prend actuellement notre vie politique est justement d’arriver à une conclusion à l’inverse de celle que voulait les partis de gouvernement de Wallonie et de Flandre.
Le PS taraudé en Wallonie par le PTB, les partis flamands de gouvernement minés par la N-VA et le Vlaams Belang que reste-t-il à l’État actuel pour défendre son avenir en pratiquant la politique du passé ? Ce qui nous lie à l’Europe, à savoir l’affiliation d’un pays et non pas de deux possédant des noms différents, l’intérêt des banques et des rentiers pour un fédéralisme qui rassemble quand même toutes les opérations qui découlent de l’argent sous un même régime financier, l’avenir de Bruxelles tiraillée entre les deux Régions, elle-même victime du bilinguisme dont on sait les avantages qu’en tire la Flandre, enfin l’avenir faisant du surplace, grâce à l’apathie générale (pour l’heure, elle n’est que wallonne).
C’est mince !

26 décembre 2022

À QUAND LA FIN ?

La Vivaldi s’enfonce dans ses contradictions. Les Libéraux flamands ne supportent plus les libéraux francophones menés par un Georges-Louis Bouchez, corporatiste. Les socialistes se résignent à ce qu’aucune des réformes proposées, tant au Nord qu’au Sud du pays, n’aille au terme des discussions et soit votée à la Chambre.
Alexander De Croo brouille les pistes et ne sait plus où donner de la tête. Alors, il s’en prend aux partis d’opposition PTB et Vlaams Belang sans argumenter, dans l’invective, avec l’idée sous-jacente qu’il faut les neutraliser en les sortant du jeu de la démocratie. Ce faisant, il dénonce la couleur de ce Régime dont certains voient sa survie dans une possibilité d’exclusion des extrêmes. Voilà qui voudrait dire « je sauve ce qui n’est plus une démocratie, au nom de l’intérêt général qui veut conserver la démocratie » sans voir que ce paradoxe les ridiculise.
Cela fera seize ans en 2023 qu’aucun des gouvernements n’a eu de majorité dans les deux groupes linguistiques. Tantôt les Flamands faisaient l’apport des voix, tantôt les Francophones.
D’après les gazetiers de la bourgeoisie bien libérale, proches du trône et du goupillon, « La Belgique s’enterre elle-même ». Si eux l’écrivent, c’est qu’ils paniquent à la recherche d’une solution introuvable. Leur doxa que le « bidule » couvre encore au moins la législature de 2024, s’est transmise aux partis habitués à former les gouvernements. Si c’est pour reproduire la Vivaldi, ils vont avoir du mal. Mais c’est leur obsession : durer pour sauver la Belgique et le trône, par tous les moyens, y compris l’exclusion des gêneurs.
À les en croire, la N-VA et le Vlaams Belang veulent déstabiliser le Premier ministre et prouver que la Belgique ne fonctionne pas. Ne sont-ils pas dans leur rôle ? Les libéraux voudraient-ils interdire l’opposition ? Plutôt que de discréditer celle-ci, Alexander De Croo ne devrait-il pas, au contraire, s’efforcer de prouver que la Belgique fonctionne ? « Stigmatiser l’opposition, c’est un signe que sous la Vivaldi, on se met à oublier certains principes démocratiques. »
La manière dont certains partis de la majorité veulent brider la communication de l’opposition est révélatrice. On parle assez peu du Vlaams Belang et du PTB dans les médias traditionnels et pour cause, des pressions sont exercées pour qu’il en soit ainsi. Il est normal que ces partis qui ont compris la manœuvre, se tournent vers la publicité sur Facebook. Et ça paie pour pas cher.
Le PS, attaqué dans ses bastions de Liège et Charleroi, cherche à brider le PTB dans l’interdiction de cette publicité par voie légale. Cela risquerait de nous mener à des situations que connaissent aujourd’hui la Pologne ou la Hongrie.

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Depuis dix ans, la Flandre est gérée par un gouvernement fédéral qui reflète le résultat électoral francophone, mais pas le résultat électoral flamand ! C’est ainsi que le PS s’est arrogé une position de force, qui lui permet de bloquer toute réforme en profondeur. Or ce parti représente à peine 9,5 % de l’électorat de la Belgique.
Quand on refuse de trouver cela normal, on se fait traiter de populiste antidémocratique, de fossoyeur de la Belgique. Aujourd’hui, la Belgique semble surtout occupée à s’enterrer elle-même. Peut-on encore la qualifier de démocratie saine ? Maintenir cette Belgique en vie revient à nous priver de plus en plus de démocratie. Cela en vaut-il la peine ? Pas sûr que l’électeur flamand réponde par l’affirmative en 2024.
Il y aurait plutôt urgence que les partis francophones prennent conscience que la Belgique dans ses fondements actuels, c’est fini ! Les partis semblent avoir oublié que faire de la politique, c’est prévoir. D’autant que la situation actuelle a été entièrement fabriquée par ces partis, avec la complicité des partis flamands qui redoutent que la N-VA et le Vlaams Belang ne dépassent la barre des 50 % des voix, ouvrant ainsi le pays au confédéralisme, avant l’autonomie complète de la Flandre, par la proclamation unilatérale d’un État souverain, l’étape suivante.
Or, la Wallonie, quoiqu’en dise le caquetant président-ministre de la Région wallonne, a besoin du Fédéral pour ne pas que son budget parte en sucette dans les affres d’un déficit abyssal.
Finies pour la Région les facilités fédérales en cas de confédéralismes, l’ardoise, elle, resterait bel et bien sur le dos des Wallons. Que faire ? Sinon négocier pour s’accrocher au statut de Bruxelles « ville européenne et francophone » ou se tourner vers la France dans une sorte de dialogue à inventer : établir dans le futur une sorte de partenariat ?
Ne pas envisager tout de suite pareille alternative, est une faute que nous risquons de payer cher.

25 décembre 2022

L’UKRAINE et l’EUROPE.

N’en déplaise aux poutiniens, aux nostalgiques de l’URSS, mais comme le conflit en Ukraine prend une tournure de guerre totale avec le bombardement d’immeubles d’habitation et la destruction des centrales électriques, on peut dorénavant classer le Régime russe parmi les États terroristes, proches des méthodes nazies. Poutine se sent à l’aise dans son pré carré défendu par la bombe atomique, pour satisfaire à ses instincts en ravageant les villes des autres, sans souci pour les siennes.
Les bellicistes de Moscou espèrent que les Ukrainiens, mourant de froid, fassent pression sur le président Zelenski pour qu’il se rende à la merci des bourreaux de son peuple et négocier l’arrêt des hostilités.
D’abord quelles négociations ? Les Russes veulent bien discuter, mais ne donnent aucun signe de vouloir le faire. On dit qu’il leur faudrait quelques semaines pour aguerrir leurs nouvelles recrues et qu’une trêve serait la bienvenue.
Ces méthodes sont inacceptables et l’Europe directement concernée va devoir trouver des moyens accrus pour soutenir davantage la vaillante armée ukrainienne qui on le sait, dès à présent, est à la défense de l’Europe en première ligne.
Emmanuel Macron n’a pas la stature d’un Homme d’État. Il n’a pas senti la différence entre être envahi par son voisin qui tire au canon depuis la portion du territoire ukrainien qu’il occupe et des soldats patriotes qui défendent leur patrie.
Négocier est impératif a longtemps soutenu l’Élysée. Mais négocier quoi, quand des furieux envahissent les villes tirent sur tout ce qui bouge, se conduisent en voyous, violent les femmes et torturent des gens qui avaient la malchance d’être sur leur passage ?
Est-ce qu’on imagine Charles De Gaule dire en 1942 qu’il faut négocier la paix avec Hitler ?
Les hommes de Zélenski performent et au train où ça va, il se pourrait que les Russes se débandent et fuient au point que les terres conquises rapetissent. Les nouvelles recrues n’ont pas le moral. Certaines ne savent pas ce qu’elles font, exposées en première ligne.

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Quitte à étendre le conflit et risquer une troisième guerre mondiale, pourquoi l’armée ukrainienne, magnifique d’efficacité, devrait-elle s’arrêter pile à la frontière russe dans une guerre que Kiev n’a pas voulue ? Poutine serait celui qui joue au chat perché, après un mauvais coup franchirait une ligne que les autres ne peuvent pas franchir, selon un règlement à son profit exclusif.
On n’a pas à faire la fine bouche sur l’aide massive des Etats-Unis à l’Ukraine. On sait toute l’ambigüité qu’il faut apporter à cette aide. Le courage et la vaillance ne suffisent pas. Armées par les États-Unis de façon à rivaliser avec l’armement russe, les troupes ukrainiennes font mieux que défendre le sol natal. Elles sont performantes et pourraient tailler des croupières aux mercenaires de Wagner et aux troupes des République fantoches du Kremlin. Les appelés que Poutine à rassembler non sans mal, risquent de rentrer chez eux dans des sacs plastics et entraîner la fureur des mères.
Qu’est-ce aussi que cette Russie où il est interdit de parler de guerre sous peine d’être condamné à des années de prison ? Les informations à l’intérieur du pays ressemblent à la propagande d’un régime stalinien. Des rassemblements interdits ont eu lieu dans des grandes villes russes, malgré les sanctions et la lourdeur des peines encourues.
Le système va-t-il pouvoir tenir longtemps ?
C’est le rêve occidental que le régime ne tienne pas le coup et que la défaite des armées signe l’arrêt de mort de la dictature de Poutine.
Il ne faut pas trop compter là-dessus. La nonchalance est un défaut européen inoculé par le néolibéralisme en foi duquel, il n’y aurait plus qu’une guerre économique entre les États. Notre inertie lors de l’envahissement de la Crimée a valu chez Poutine un excès de confiance dans son projet de reconquête de l’espace occupé par l’ex URSS. Il s’est cassé les dents sur des Ukrainiens bien déterminés à ne pas devenir une République croupion. Que cela nous serve de leçon.
Par ailleurs, des pays comme la Turquie, pourtant faisant partie de l’OTAN, l’Iran, la Syrie et quelques autres États, sans discernement des causes et des Droits de l’Homme, ont, d’une certaine manière, aidé l’envahisseur dans ses projets. C’est bien le moins que l’UE s’en souvienne dans ses diplomaties multiples, malgré un Charles Michel chèvrechoutiste, l’œil rivé sur Emmanuel Macron, son maître à penser.
Nous allons prendre un an de plus dans une semaine.
La guerre ne s’arrêtera pas de sitôt, sauf si les Russes en ont assez d’être promenés de mensonges en mensonges. Poutine ne paraît pas aux abois. Mais peut-on se fier à un maître d’œuvre qui pour conserver ses chances de rester au pouvoir, doit, à toute force, faire semblant d’être victorieux partout ?

23 décembre 2022

GLB, corporatiste ?

Oh ! le marlou… oh ! le faux derche… les épithètes s’adressent à Georges-Louis Bouchez, qui a failli faire capoter le gouvernement De Croo, déjà si fragile, à propos des Droits d’Auteur. Non pas ceux des chanteurs, des écrivains et des musiciens, ceux-là l’État les passe à la moulinette. La plupart des artistes sont des accidentés d’un système qui se fout des troubadours. Eux l’ont compris, ils ne demandent rien à personne et se font tondre comme vous et moi, en silence.
Non, non… il s’agit des droits d’auteur des avocats, illustre corporation dont Georges-Louis espère bien recueillir les voix pour son futur triomphe en 2024, attendu qu’il a fait partie un court instant de la confrérie, juste le temps de s’apercevoir qu’on pouvait se faire du blé en politique rien qu’avec le titre magique d’avocat, sans plaider jamais. Il fallait juste arrêter l’effet de manchette et la plaidoirie en pro deo et se faire mousser dans ce bon vieux parti libéral, refuge de toute la flibuste bourgeoise, regorgeant de professions aux statuts particuliers.
Les droits d’auteur d’avocat, une affaire, embrouillée à souhait, dont on a difficile à obtenir des éclaircissements des intéressés eux-mêmes, et pour cause. Il faut gratter dans le Moniteur et, avec un peu de chance, on tombe sur le pot-aux-roses après quelques heures de lecture.
Depuis quelques années, on observe un réel engouement de la part de certains contribuables pour la technique de la cession des droits d’auteurs, qui permet une déduction dans le chef de la société qui les attribue et une taxation très favorable dans le chef du bénéficiaire. En effet, jusqu’à un plafond de 57.080 EUR (exercice d’imposition 2014), seul un précompte mobilier libératoire de 15% s’applique sur les revenus de droits d’auteur. En outre le montant brut perçu bénéficie d’un forfait de charge qui est de 50% pour la première tranche de revenus de 15.050 EUR et de 25% pour la tranche allant de 15.220 EUR à 30.440 EUR. Un contribuable qui perçoit de sa société 15.000 EUR de droits d’auteur ne paie donc que … 7,5% d’impôt. Difficile de faire mieux en Belgique !
Hé oui ! le législateur a toujours été très tendre pour les professions libérales, avec une petite faiblesse supplémentaire pour les avocats. Serait-ce à cause du nombre impressionnant de diplômés du métier ayant déserté la profession, pour se ruer sur les mandats mieux rémunérés qu’offrent la démocratie à tous ses citoyens ?

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Le mentor d’entre tous, fut maître Chicanneau des Plaideurs de Jean Racine, repris sans payer des droit d’auteur à l’illustre dramaturge en supprimant un « n » pour en affubler un des personnages « cartoon », de l’entourage de Mickey Mouse.
Même si toutes les professions ne sont pas appelées à bénéficier du régime fiscal des droits d’auteur, il est intéressant de se pencher sur le cas des avocats. Certes, leurs plaidoiries se prêtent difficilement à la qualification d’œuvres protégeables au sens de la loi du 30 juin 1994 (sauf dans le cas où de telles plaidoiries seraient utilisées par des confrères moyennant rémunération). En revanche, s’agissant des écrits qui sont le reflet de telles plaidoiries, les règles suivantes doivent être d’application. Si ces écrits ne permettent qu’à son client d’en bénéficier dans le dossier dont il est l’objet, la rémunération de ces écrits doit être taxée au titre de profits. Mais si l’avocat concède à son client ou à tout tiers le droit de reproduire ou de communiquer l’argumentation déployée, il est parfaitement admissible qu’il perçoive à ce titre une rémunération qui doit être qualifiée de droits d’auteur au sens de l’article 17, §5 du CIR. Si l’avocat exerce en société, il faut donc considérer que sa société bénéficie de l’apport créatif de ce dernier et puisse lui allouer dans une proportion raisonnable, des droits d’auteur soumis aux règles fiscales favorables au même article.
La notoriété de l’avocat qui s’est construite après des années (voire des décennies) ont permis à la société de percevoir des revenus sans cesse croissants. N’est-il donc pas naturel que la société lui rétribue des droits d’auteur ? Georges-Louis en est convaincu et derrière lui les élus ex avocats et ceux qui sont restés dans la profession.
Payer 7,5 % d’impôt au lieu de 25 %, ça vaut le coup de monter au créneau, quitte à secouer le gouvernement et courir le risque de le renverser. Est-ce une juste politique que de défendre des privilèges ? Pour Georges-Louis Bouchez, c’est un combat à mener. Il le mène, mais c’est petit… petit !
De cette semaine agitée, le gouvernement sort très affaibli. Pour se sortir des griffes du vélociraptor MR, il a fallu changer quelques termes de la nouvelle mouture, laissant en pâture aux manieurs de mots, suffisamment d’herbes à brouter pour assurer l’ambigüité nécessaire au maintien du statu quo.
Au cours des joutes verbales tempétueuses qui se sont succédé, un vote eut lieu dans une commission traitant du sujet. Seule la présidente, Madame Marie-Christine E.F. Marghem vota contre.
Normal, licenciée en droit de l’Université de Liège, la dame est aussi avocate.

22 décembre 2022

Macron materne Mbappé.

En revenant pour la deuxième fois en l’espace de quelques jours à Doha pour assister à la finale du foot, Emmanuel Macron s’est converti en coach-adjoint des Tricolores en haranguant les joueurs, par une intrusion à leur hôtel et jusque dans les vestiaires où il a, paraît-il, donné des consignes techniques, devant un Didier Deschamps abasourdi !
Cette nouvelle manière de coacher les Français à travers l’équipe de foot national fait réfléchir sur la maturité du chef de l’État.
Ce comportement enfantin cache à peine le désir tout aussi puéril « de faire plaisir aux gens » dans l’intention de bénéficier, par ce biais, d’un regain de popularité.
La presse est quasi unanime, cette aptitude à jouer le « supporter », au lieu de rester dans son rôle de président de la République, est détestable. Emmanuel Macron est sorti de sa fonction sans même s’être aperçu de ce que cela a de choquant. Avant lui, aucun président de la République n’est allé aussi loin.
Les bourdes d’enfantillage dans ses fonctions de président viennent de son adolescence bouleversée par l’intrusion d’une femme mûre dans sa vie, qui plus est, son mentor dans des cours de comédie, tenant ainsi le double rôle de psychologue et d’initiatrice sexuelle.
De ce point de vue, Emmanuel Macron est comme fasciné par son pouvoir de chef de l’État, lorsqu’il se sait en-dehors de l’œil critique de son mentor, en se comportant comme un chien fou d’écolier en vacances.
Les Français se posent la question à bon droit « cet homme est-il à la hauteur de sa mission représentative ? ». Après avoir subi les railleries du peuple français, il encourt les demi-sourires et les sarcasmes des chefs d’État du monde entier. Il risque à présent de n’être pas pris au sérieux dans des rencontres internationales où le sort de la France et de l’Europe sont en jeu.
L'attitude présidentielle n’a pas échappé aux caméras de la presse internationale après la défaite de l’équipe de France contre l’Argentine. Le président est descendu sur la pelouse pour prendre dans ses bras un Kylian Mbappé au comble de la déception, avant de suivre les Bleus dans les vestiaires, où il a pris la parole.

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Gloser en toute circonstance est sa façon à lui de se croire le père de la nation, comme on lui a appris dans les joutes d’improvisation qu’il faisait sous les couleurs de la troupe de Brigitte Trogneux. Être pris de court dans ces sortes de joutes est le pire des défauts qui disqualifie d’office. De là vient sans doute ce flux continu de paroles du chef de l’État, aussi bien à l’aise dans la rue que sur les tréteaux, dans une perpétuelle fuite en avant, pouvant dire une chose et son contraire dans la même phrase.
Il ne s’en rend pas compte, mais Emmanuel Macron ne convainc pas, même s’il développe de bons arguments, parce que l’on ne l’entend plus qu’à moitié !
Après cette logorrhée présidentielle, ces gestes refoulés de l’enfance, comme saisir son idole à bras le corps pour le consoler, il fallait encore en ajouter. À croire que dans les vestiaires de l’Élysée, sa coach a dû venger Didier Deschamps. Entre collègues exerçant le même métier, c’est confraternel.
Cet ajout a cette fois son pesant de conséquences politiciennes quand Emmanuel Macron a félicité ce mardi 20 décembre le Qatar pour la Coupe du monde de football et son « ami » le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi pour l’organisation de la COP27.
D’une certaine manière, il a clos le débat très ancien de l’attitude de ces deux pays dans le dossier des droits de l’homme. Dorénavant, il s’est placé à leur côté, parmi les opposants. Dans l’oubli le lendemain de ce qu’il a déclaré, il s’étonnera de l’attitude hostile des militants et du public à son égard à faire respecter les droits humains élémentaires.
Préparant la prochaine COP qui se tiendra aux Emirats arabes unis, on aura droit aux flots de louanges que le président français sait si bien manier dans le mielleux des mots, comme si quelques belles phrases pouvaient changer les choses par la magie du verbe !
Ce président déforce la France diplomatiquement sur la scène mondiale. Ce n’est pas d’hier, son histoire avec Poutine, ses réflexions maladroites à propos de l’Ukraine ne sont pas prêtes à tomber dans l’oubli. Brigitte a fait de son élève un immature au cœur de midinette !
Pour briguer l’honneur d’être président de la République, il est exigé d’avoir un certain âge. Le législateur n’a pas précisé si c’était l’âge physique ou mental. C’est dommage…

21 décembre 2022

En sterlings ou en dollars ?

Rififi au Parlement européen. L’imagination pour arrondir les fins de mois est sans limite dans ce milieu friqué. Comme quoi l’attrait du pognon, même quand on n’en manque pas, reste irrésistible. À dix-huit mois des élections européennes, l’image de la marque, aux 27 étoiles, en prend un coup ! La Fondation Schumann va devoir souquer sec pour rameuter le client. Les images de liasses de billets saisis chez Éva Kaïlí, vice-présidente du Parlement de Strasbourg, de son compagnon, dans la valise du père de l'élue, ainsi que chez un ancien député européen, Pier Antonio Panzeri, ça fait rêver le loquedu à 50 euros la journée.
Les honnêtes à Strasbourg sont en rogne. Résister à la facilité de se mettre du pognon sur le côté, c’est dur. Si en plus les maffieux se font prendre, ça sert à quoi la vertu par contexte du « tous pourris » ?
Pourtant les sérieux n’ignoraient rien des pas sérieux. Quand dans la tôle à Strasbourg on croule sous les euros, l’instinct marlou se réveille. 705 députés, c’est beaucoup trop pour qu’il n’y en ait pas une bonne pincée qui rêve du dollar qatari et du dinar marocain, pour compenser la vue de tant de billets assurés d’une impossible contrefaçon, que même Elon Musk en aurait la berlue !
Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, a comme une vague intuition que le «qatargate», ne soit «systémique». Elle aurait du soucis à se faire, d’autres « séducteurs » ont des paquets de liasses pas seulement fleurant le pétrole des déserts, les Républiques poutinisées auraient aussi leurs tentateurs ! L’Europe est ouverte aux quatre vents.
La machine de Bruxelles à une Institution gourmande de pouvoirs. Charles Michel en frétille. Plus les mégalomanes sont nombreux, plus il est facile de les corrompre. L’essaim autour de la reine von der Leyen, avec sa nuée d’ouvrières-fonctionnaires aime le nectar des banques, l’exotisme des vacances et le confort six étoiles. Papa dollar peut fournir tout ça, juste pour quelques petits renseignements, une poussette sur une industrie, un détail pour les renseignements généraux d’une puissance « amie ».
Au fil du temps, l’Europe est devenue une usine à gaz qu’on dirait copiée sur celle de Belgique. Où ça coince, c’est quand l’Europe module ses accords avec des États tiers non européens. La libéralisation du transport aérien entre Doha et l’UE fait les affaires de Qatar Airways. La pêche durable avec le Maroc, incluant le Sahara occidental, met la sardine à la portée des chameliers des déserts. Voilà qui est potentiellement de la braise, ces détails à qui en veut.

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Une certaine Nathalie Loiseau, députée européenne, la Simplicie d’Innocent Chastel, raconte qu’elle a surpris dans son bureau un ambassadeur étranger, en revenant d’une conférence, alors que le bonhomme n’avait pris aucun rendez-vous. Qu’a fait la parachutée libérale ? Elle s’est écrasée, vous pensez un ambassadeur du Trouducukistan ! Charles ne va tout de même pas le convoquer pour demander des explications.
Mettant le nez partout, le parlement de l’UE distribue chaque année des prix. Il s’est piqué au jeu sur les Droits de l’homme en attribuant le prix Sakharov. Ce personnage, Physicien nucléaire, est le père de la bombe H soviétique. Reconverti en donneur de leçons, il a ensuite milité pour les droits de l'homme, les libertés civiles et la réforme dans son pays, après avoir rêvé de tuer tout le monde d’un coup ! Dès qu’il entendait « droit de l’homme » le Qatar sortait sa kalach. Aujourd’hui, il se sert d’une calculette après discussion sur « How much ? ». Qui n’a pas sa Rolex, de l’auxiliaire de surface à la directrice adjointe des relations extérieures, n’a pas réussi.
Dans le quartier de l’UE, les pied-à-terre valent des fortunes. Il y a là une concentration de lobbyistes qui tentent par tous les moyens de peser sur les décisions de l’aéropage suprême européen, tous dents blanches et gueules enfarinées, prêts à tout pour une concession pour les États ou les holdings qu’ils représentent. Le fournisseur en enveloppe kraft ne suit plus ; en billet de cinq cents, on en fourre dans une 21 x 30 !
On entre au Parlement européen comme dans un moulin. On les voit venir les interlopes, les rastaquouères avec leur petit sac de blé, l’œil aux aguets tout en parlant six langues, les poches pleines de petits souvenirs à mille dollars l’unité.
L’Europe n’a pas la culture sourcilleuse. La sécurité dans les couloirs n’est pas assurée. Il y a cinquante badges différents. Vous vous promenez avec une étoile de sheriff de chez Broze, vous ne verrez aucun agent de sécurité vous prier de sortir.
Raphaël Glucksmann, socialiste français, président d’une commission parlementaire qui en répand les joyeusetés : « Les institutions ont été créées à un moment où le mythe de la fin de l'histoire dominait.»
Encore cette douce illusion du néolibéralisme rassembleur des peuples et panacée universelle, décidément les peuples sont bien naïfs !

20 décembre 2022

QUESTIONS PENDANTES

On sait bien que dans la gestion de l’État, les têtes de gondole amusent le plus grand nombre, pour faire pendant ce temps leurs petites affaires. Pourquoi ne les feraient-ils pas ? La gestion actuelle de la chose publique relève aux trois-quarts du droit européen, sous l’œil vigilant du bon allié américain. Cela leur donne du temps libre.
Le contrôle des banques et des marchés étant hors de leur compétence, il faut bien qu’ils s’occupent, qu’ils aient à dire « sans nous, dans quel état la démocratie serait-elle ? ». Par simple constat, on voit dans quel état elle est !
Le citoyen, celui qui grapille sa vie dans des boulots sans intérêt, a cependant d’énormes questions pendantes et qui le resteront sa vie durant, pas seulement des questions qui le touchent personnellement, mais qui concerne l’ensemble des citoyens.
Par exemple, le scandale du « trou de la place Saint-Lambert » à Liège. Qui a lancé les démolisseurs à l’assaut de l’espace Gymnase – Maison du Peuple – Union Coopérative – square Notger, sans que soit déterminé un plan complet de rénovation de l’ensemble ? Par la suite, pour en finir, on a construit la plate-forme Strebelle et l’archéo-forum en-dessous, dans les années 80-90, sans avoir la moindre idée de ce qu’on allait mettre à la place de l’espace Tivoli, démoli à son tour ! La preuve, il y a toujours un grand vide en 2022 qui sert de parcage pour autos.
Ce genre de question peut se poser d’une manière ou d’une autre dans presque toutes les villes, sans obtenir de réponse. La classe politique serait-elle, comme la nature, d’une insensibilité absolue, d’une immoralité transcendante ? La société, quoi qu’on fasse, sera toujours dans l’impossibilité d’être juste. Doit-on, pour autant, se passer de l’avis des gens ?
La population a plus de sagesse dans son ensemble que n’auront jamais ceux qui la dirigent. A quoi cela est-il dû ? Pour elle, un contrat vaut la parole donnée. Quand le gouvernement s’est formé sous la houlette d’Alexander De Croo, il était entendu que les socialistes étaient dans l’attente du respect du cahier des charges qui prévoyait une réforme favorables aux petites pensions. Suite aux dernières tractations, il n’en est plus question. Au Kern sur les pensions, la Ministre Lalieux n’a même pas été invitée !

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Par respect pour l’électeur, les socialistes devraient se retirer de la Vivaldi. Pourquoi ne le font-ils pas ? Sans doute dans la crainte d’élections anticipées, puisqu’on sait bien que le gouvernement de Croo est celui de la dernière chance. Un contrat qui se modifie selon les circonstances ou les humeurs n’en est plus un. C’est juste une feuille de route incertaine dont tout le monde sait, au départ, qu’elle pourra être modifiée, voire oubliée dans les tiroirs du premier ministre.
La démocratie est bancroche parce que les hommes qui la font le sont. De ces deux exemples, on en suppose des dizaines dont le peuple a conscience et que ceux du dessus ne voient pas.
Trop de liens entre les projets de l’Europe et ce pays échappent au contrôle des citoyens et notamment ceux qui nous lient par « contrat » (traité) à l’Union Européenne. Personne n’est dupe que le consensus n’a pas été recherché dans le traité de Maastricht entre les signataires et les populations. Et pourtant, il fut signé et nous en sommes toujours les premiers concernés et les victimes avec l’obligation d’en respecter les termes. La leçon est claire. Un contrat qui lie les signataires au peuple peut n’être qu’un tigre de papier, par contre celui que signent entre eux les responsables des 27 pays adhérents fait effet des tables de la loi !
Quelle morale tirer de cela, si ce n’est que la démocratie à géométrie variable n’en a plus que le nom et dans la réalité ne vaut pas tripette.
La liberté de s’exprimer est un pouvoir dont on ne nous a pas fait cadeau. C’est un état d’esprit qui s’étend bien au-delà du régime sous lequel on vit. On peut vivre en dictature et être libre : il suffit de lutter contre la dictature. Nos chefs, habilement se défilent de ce dilemme. Eux et leurs fidéicommis se pensent en démocratie. A nous de les persuader du contraire et ainsi de jauger par leur réaction ce qu’ils en pensent.
L’homme qui pense avec sa tête et qui lutte pour ce qu’il croit juste est un homme libre. On ne va pas mendier sa liberté aux autres. La liberté il faut la prendre (Silone – Le pain noir).
Chacun a ainsi en mémoire un petit catalogue de ce que pourrait valoir un consensus populaire, notamment dans ce qu’entreprend tout pouvoir, qu’il soit communal, régional ou fédéral.
Les citoyens de ce pays sont las de sentir sur eux la main d’une autorité qui se rend insupportable à force de vouloir les prendre pour des demeurés incapables de mettre ensemble deux pensées cohérentes.

18 décembre 2022

LES FOUS DANS LA RUE.

Les folkloristes liégeois s’en souviennent encore, même si les derniers témoins s’en vont un à un, les laissant avec les rares documents qui existent sur les citoyens visiblement anormaux qui déambulaient comme tout un chacun, jadis dans les rues.
Jusqu’à la fin des années cinquante, le quartier d’Outremeuse avait ses fous. Ils erraient en liberté pour la plus grande joie des passants et, comment dire autrement, pour l’amusement des familles. Il est probable que le centre-ville avait les siens. Qui se souvient du « Beau Léon », promeneur d’après-midi, avec son tonitruant « ça va le moral ? » dans les rues du Carré !
En Outremeuse, le plus célèbre se faisait appeler Mouton. Il avait la fière allure d’un vacher de la pampa descendu de son cheval. Les étudiants l’avaient pris en amitié. Il était leur mascotte. « Tchophile treûs tours » amorçait des pas de danse en tournant sur lui-même quand, sur le trottoir, « ça le prenait ». Tambour se voyait en chef de fanfare. Quelques autres moins spectaculaires terminaient la liste des bredins, pour ce seul quartier. Le plus ancien connu d’entre eux, « Bibi Mamour ». vécut entre les deux guerres, ce singulier personnage était un assidu des bains publics de Meuse à l’endroit où se situe la passerelle du boulevard Saucy. Les baigneurs avaient « délicieusement » peur quand ils étaient frôlés par ce curieux nageur.
Ces « fous du village » étaient intégrés à la population, tant il était naturel qu’à travers leur dissemblance dont on se moquait, perçait la condition humaine qu’on respectait, enfouie sous la maladie mentale.
La psychiatrie n’était nulle part. « Volière » avait ses fous dangereux. Il n’y avait que deux moyens de les calmer, la camisole et les drogues assommantes. Un schizophrène dangereux échappait parfois à la surveillance médicale ou se révélait dans un état de démence criminelle de façon soudaine et imprévisible. Il y eut le cas d’un dénommé Broka se livrant à des atrocités avant de tuer sa victime, dans les casemates de l’ancien fort hollandais de la Chartreuse.
Depuis, à cause du saccage des hôpitaux par la folie de la rentabilité libérale de tout ce qui compose la société, la psychiatrie a fait des progrès scientifiques considérables qui ne se sont pas répercutés matériellement par la modernisation et l’agrandissement des hôpitaux psychiatriques.
Depuis Lola, l’adolescente tuée, en octobre dernier à Paris, dans des conditions effroyables par une Algérienne de 24 ans, Dabbia B. sans permis de séjour, probablement en état de démence au moment des faits, les gens se sentent concernés par des malades mentaux hors contrôle qui courent les rues.
Illégaux, immigrés ou natifs des lieux, ces malades sont potentiellement dangereux. Ils errent parmi les drogués et les SDF, sans qu’on les distingue. Inconnus des services de police et des consultations médicales, ils sont disséminés par le hasard d’une immigration clandestine parmi les infortunes et les malheurs d’une crise économique qui laissent plus d’une famille sur le carreau.

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Tout qui croise un personnages trouble dans la rue s’en écarte instinctivement, aussi bien à Paris qu’à Liège. Le peu de distinction que l’on fait entre eux et les citoyens qui tombent tous les jours dans la misère, jette l’opprobre sur la sous-classe sociale du malheur d’être pauvre et conglomère la drogue, la folie et les sinistrés venus d’ailleurs.
On renvoie aujourd’hui plus d’un malade mental à la maison qui peut n’être parfois que la rue. Les psy les suivent plus rarement par des hospitalisations ou des visites en déambulatoire. Et pour cause, il manque des spécialistes et des lits dans les hôpitaux. Quoi de plus simple que de nier ce genre d’affection et laisser repartir ainsi n’importe qui n’offrant pas des signes évidents de démences ?
Un effroi irrépressible plonge la classe sociale à la frange de la nécessité. C’est d’elle que viennent les voix les plus cinglantes et les plus promptes à désigner « les pauvres » comme une plaie à laquelle elle lie les fous, les émigrés et les drogués.
Cette discrimination arrange bien les affaires des partis libéraux qui ne se privent pas de touiller dans ces infortunes diverses en mélangeant les genres. Cela permet de cueillir dans la nasse le souffre-douleur d’entre tous les autres, le chômeur !
Les auteurs de cette société dégradée existent. Ils sont parmi nous. Ils dirigent la Belgique selon un mode d’emploi tiré des codes d’une Europe des affaires et des combines, sous l’œil du grand frère américain. Les premiers responsables de la société telle qu’on la voit dans les rues de Liège et dans toutes les autres villes de ce pays, siègent dans ce gouvernement. Ils tirent de leur fonction une gloriole dont ils devraient avoir honte ! L’ambition ne s’accorde pas avec l’intérêt des « petites » gens, mais au contraire avec l’orgueil et la ruse. Ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent, mais les pires !

17 décembre 2022

GRAPHORRHÉE

Lorsqu’il y a dix-neuf ans, en juin 2003, je décidai d’écrire des chroniques et d’ouvrir le Blog Richard3.com, je m’étais juré d’aborder honnêtement tous les sujets y compris ceux qui heurtent et qui opposent deux opinions irréductibles, le plus généralement la droite extrême et la gauche extrême.
C’est encore le cas aujourd’hui. Je ne me défilerai pas de ma résolution, dussé-je imiter Emmanuel Macron et m’écrier « Quoi qu’il en coûte ».
S’il y a bien un sujet, scabreux, difficile et sur lequel les opinions sont suffisamment tranchées pour qu’il n’y ait aucun dialogue possible, c’est bien celui de l’immigration !
Voilà, le mot est lâché, tant pis, je continue.
Si j’en appelle à un dialogue entre les parties, la sentence tombe immédiate « s’il veut concilier les extrêmes, c’est qu’il est centriste !... ». À vrai dire, cette affirmation n’a pas de sens, si j’en juge par les thèmes choisis sur ce blog depuis tant d’années.
Le chèvre-choutiste fait de la politique. Concilier ceux qui s’opposent dans le but de se faire une clientèle d’électeurs « raisonnables » sont des calculs de boutiquier. Apporter de l’eau au moulin d’une coterie, n’est pas mon fort. Ce qui n’empêche personne de trouver mauvais les engagements politiques de nos actuels maîtres d’œuvre au gouvernement, on dirait presque « comme d’habitude ».
En vérité, je me suis lancé à plusieurs reprises sur ce terrain miné, assez maladroitement, vais-je dire, ce qui me valut des injures des uns et des approbations des autres.
D’aucuns m’ont suspecté d’être un agent de Zemmour, un lecteur passionné du « Grand remplacement » le livre de Renaud Camus, le « Mein Kampf » du troisième millénaire. Enfin, j’eus droit pour les mêmes propos au qualificatif d’islamo-gauchiste, pour je ne sais quelle réflexion.
intolérable de certains lecteurs les nerfs à vif ! L’accusation de racisme vient tout naturellement après. Être qualifié de raciste par des racistes véritables qui vont jusqu’à déterminer mon racisme à la couleur de ma peau qui n’est pas la leur, c’est un comble !

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Est-ce que, pour une fois, tout le monde peut-être d’accord sur l’évidence que les lois et les règles communes doivent faire bon ménage avec la pratique et le bon sens ?
Ne pourrait-on enfin discuter sereinement sur l’hospitalité due aux opprimés, aux victimes de la guerre ou d’une dictature, qu’il faut intégralement maintenir telle quelle, tout en essayant d’élaborer parallèlement d’autres règles sinon d’autres lois, pour ce qui concerne les réfugiés économiques ?
Quant aux lois de la mer, si chères aux marins, est-ce possible d’en réécrire l’usage, sachant qu’un morutier s’en va pêcher la morue d’abord, avant de recueillir éventuellement des humains en mauvaise posture en perdition sur leur caoutchouc et donc se demander si les bateaux humanitaires qui font un travail admirable en méditerranée mais spécifiquement de secourir les gens, n’auraient pas droit à un autre statut que celui du morutier ? N’y a-t-il pas là deux fonctions différentes ?
Sans aborder d’autres sujets aussi brûlants, tels ceux qui traitent de la culture et du multiculturalisme, du manque d’organisation sociale et sanitaire pour accueillir dans de bonnes conditions les nouveaux venus auxquels est accordé le statut de réfugié et enfin quid du sort des clandestins ?
Comment parler de ces problèmes graves derrière lesquels des milliers de personnes risquent l’exclusion sociale, voire la mort, sans soulever des anathèmes et se faire traiter de noms d’oiseaux ?
Lorsqu’on aura trouvé des passerelles entre les extrêmes convictions, admirable serait d’établir la synthèse des résolutions, des règles et des lois plus appropriées aux situations de terrain que celles existant depuis le temps des bateaux à voile.
J’ai l’impression de lancer une bouteille à la mer avec dedans un petit message de paix et de compréhension qui n’a presque aucune chance d’être recueilli par un être humain ouvert et compatissant, mais par un furieux qui n’aura de cesse de la fracasser sur des récifs.
Je conjure ceux qui seront allés au bout de cette chronique de croire que mon intention n’était pas de les offenser.
Pour les autres, il y a des circonstances au cours desquelles le ridicule ne tue plus.
La fatalité n’existe pas. Elle est constituée de fautes individuelles. Si chacun pouvait reconnaître les siennes ce serait déjà bien.
Un dernier doute m’assaille. Aurais-je écrit l’homélie d’un curé ? « Paix aux hommes de bonne volonté », propos admirables mais qui n’ont jamais servi qu’à louer ceux qui l’ont un jour prononcée. Si c’est le cas, j’aurai donc usé de tous les genres dans ces chroniques. N’était-ce pas le but à leur départ ?

16 décembre 2022

À propos d’une botte d’oignons…

La Belgique se transforme à une vitesse que l’on ne pouvait concevoir avant la Covid-19.
Nous étions dans un autre monde. Nous nous étions résignés à ce que la nouvelle économie mette à bas les derniers bastions communs, les hôpitaux, les chemins de fer, la poste. Il n’est pas sûr que ces Messieurs de l’économie libérale osent aller jusqu’au bout du pillage aujourd’hui, avec une l’Europe qui vacille sous les coups du marché mondial.
S’adapter aux circonstances, la plupart des gens en prennent leur parti. Loin des élucubrations géopolitiques de nos hauts stratèges, encore plus éloignés des contingences du commerce et de l’industrie, à des années lumières du néolibéralisme, les Belges, pour la plupart, découvrent que l’inflation est supérieure à l’indexation de leurs salaires, retraites et indemnités.
Cela change tout.
Au lieu de progresser d’année en année, petitement mais régulièrement, les situations du bas de l’échelle passent de la préoccupation au tragique. Sans compter que la pauvreté s’accélère du renfort de l’artisanat et du moyen commerce qui lâchent la rampe et dévalent les échelons.
Les prix, de la botte d’oignon aux macaroni, suscitent plus d’inquiétude que la guerre en Ukraine soutenue de nos deniers par l’Union Européenne.
Le consommateur est conscient qu’on lui a menti sur tout, à commencer par l’histoire du progrès constant par la formule « plus je produis, plus je consomme, plus je m’enrichis ». Il ne lui a pas échappé que le système l’a poussé à la consommation de l’inutile et qu’il est plus pauvre qu’il ne l’était avant. La main invisible d’Adam Smith ne servait qu’à lui donner des gifles.
Il en arrive à considérer que la liberté d’entreprendre n’importe quoi, propre au libéralisme, grossit les rangs des mécontents que sont les pauvres qui réfléchissent. Les gens savent qu’en haut, les barreurs du navire se relaient pour suivre un mauvais cap. La difficulté à ce niveau, c’est d’en convenir.
C’est dur en effet, d’avoir fait tant d’études pour aboutir à n’être qu’un con !

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Nos ministres ne s’intéressent qu’aux choses immatérielles. Ils courent les spéculations et les plans sur la comète, comme nous, nous courons après les dentées alimentaires les moins chères.
Ces avocats reconvertis en Hommes et Femmes politiques sont de l’avis de Paul Valéry selon lequel l’idée fausse n’en est pas moins réelle que la vraie. On a des exemples depuis Maggie De Block. Ses idées fausses n’ont-elles pas conduit à des morts bien réelles ?
Le divorce est là : entre la tête pensante et le ventre qui réclame son plein.
Tandis que le ventre a conscience qu’il a aussi un cerveau, les élus de la Nation, pour la plupart, n’ont qu’un cerveau qui a oublié qu’il a un ventre. À 20.000 euros par mois, il est normal de se moquer du prix de l’entrecôte.
L’étonnant de la chose tient dans la vision de la devanture présentée au monde. La Belgique officielle est vaillante et soudée autour de ses chefs pour repartir plus que jamais dans le bon sens de l’Histoire, avec l’Europe bienveillante et son « frère » américain (authentique « frère » a été dit par Charles Michel).
Les studios sont pleins de journalistes enthousiastes pour un public sentimentalement libéral. Les émissions culinaires battent leur plein de ménagères qui prennent des notes à l’approche des Réveillons. Les variétés télés déversent de la paillette à gogo. Les studios bruissent de bons mots dont on a honte.
Derrière la façade Potemkine, la vie suit son cours, morne, étriquée, dans l’incapacité de réaliser ses rêves. Les gens, sauvés de la faim par des centres sociaux alimentaires, rendent grâce au quignon de pain. Les enfants iront à l’école rassasiés. Certains travaillent « par chance » avec des salaires insuffisants. D’autres s’inquiètent des nouvelles mesures qu’élucubre Georges-Louis Bouchez contre les chômeurs.
Ce n’est pas l’incompréhension totale. Il s’agit de deux mondes parallèles qui s’ignorent. L’un, parce que la pauvreté fait baisser la tête pour ménager ses forces, et que demain sera un jour hostile de plus, l’autre parce que la mauvaise foi finit par désigner leurs auteurs, ceux qui avaient mission de rendre heureux le peuple et qui se trouvent à chaque décision politique, dans la position de trahir.
Avec un furieux à la porte de l’Europe qui comptait sur notre bénignité pour grignoter l’Ukraine et la menace d’une guerre directe « comme un vol de gerfaut hors du charnier natal » du groupe Wagner au service du prédateur, on a fait le tour des chagrins. Le peuple qui a bon cœur, découvre plus malheureux que lui. Il fallait une nouvelle misère supérieure, pour diminuer l’amertume de la sienne !

15 décembre 2022

Tous pourris ?

Cette nouvelle affaire de corruption, au plus haut niveau, impliquant l’eurodéputée grecque, Eva Kaili, l'ancien député italien Pier Antonio Panzeri et le Belge Marc Tarabella (PS) ainsi que quelques comparses, a eu le Maroc et le Qatar comme corrupteurs.
Devant ce regain de délinquances dans ce seul domaine, un doute légitime des citoyens plane désormais sur les intentions de ceux qui se lancent dans la politique.
Que certains dans les commentaires et les analyses aillent plus loin, jusqu’à considérer que tous ceux qui font de la politique sont des corrompus, espérant toucher des dessous de table afin d’améliorer leur ordinaire, ça, je refuse à le croire !
Ce serait désespérer des Hommes et finir dans la misanthropie d’Alceste.
Le théâtre n’est qu’un reflet parfois exagéré de la société. La réplique de Bartholo, extraite du Barbier de Séville de Beaumarchais, montre ce qu’il y a d’excessif dans le cri du peuple « tous pourris ».
– Ah ! fiez-vous à tout le monde, et vous aurez bientôt à la maison une bonne femme pour vous tromper, de bons amis pour vous la souffler et de bons valet pour vous y aider.
Je ne veux pas croire à un monde pareil.
Par contre, on peut se poser la question de savoir si le monde des diplômés de haut vol qui accapare les postes à gros rendements financiers, n’est pas plus facilement corruptible que le monde ouvrier ? L’engeance par nature dimorphe de la flopée d’avocats qui prend d’assaut les bancs des Assemblées n’est-elle pas, par entraînement naturel, capable de plaider pour la veuve et l’orphelin, en même temps que pour la crapule qui a tué l’homme du couple ? Cette facilité de changer de camp pour des raisons professionnelles n’augure-t-elle pas un travers qui s’appelle l’inconstance morale ? L’aptitude à la compromission pour de l’argent n’est-elle pas plus fréquente chez eux, que partout ailleurs ?
Que dire des autres diplômés, gradués de bric et de broc, dans des études universitaires qui tournent autour des banques et de l’économie libérale, roulant pour l’économie néolibérale, farouchement contre toute modification du système ?

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Le manque d’un cours historique sur les différentes économies, le communisme en URSS, le castrisme à Cuba, etc. est flagrant aux Hautes Études. L’économie chinoise, fermement contrôlée par un parti unique, est assez proche de l’économie libérale. Si elle s’avérait plus « rentable » pour un actionnariat avide, n’y aurait-il pas dans la démocratie occidentale une volonté de rapprochement d’un marché contrôlé à la chinoise, mettant à mal la démocratie en Occident ?
Il y eut un débat, le seul peut-être dans les années cinquante, lorsqu’il fut question, après l’essorage du fric des collaborateurs nazis par le ministre Guth, de la revalorisation des indemnités parlementaires. Les syndicats (à l’époque ils étaient encore omniprésents) trouvaient les différences disproportionnées entre le salaire d’un ouvrier qualifié et un député. Les partisans du gros défraiement arguèrent qu’il fallait bien payer ces messieurs-dames de la représentation afin qu’ils n’aient pas la tentation d’arrondir leurs fins de mois, dans des combines et des corruptions.
Les gros salaires furent votés, avec dit-on l’enthousiasme de ceux qui faisaient leur fiche de paie, en même temps qu’ils la recevaient.
La suite démontra le contraire. Plus on gagne, plus on veut en croquer. Le phénomène de la corruption n’a pas cessé depuis. On n’est jamais revenu sur les largesses de l’État. On aurait dû !
Dans ses aveux, le compagnon d’Eva Kaili, Francesco Giorgi reconnaît que son rôle dans "l'organisation" était de gérer l'argent liquide. Il s’agit bien d’une organisation maffieuse au sein de l’Union Européenne, ce qui est un stade supérieur à une corruption simple. Le Maroc est concerné dans ce dossier de potentielle corruption par son service de renseignements extérieurs, la DGED - Direction générale des études et de la documentation. Ce n’est même plus un gang, c’est un nid d’espions au service d’une Nation étrangère, au sein de l’Europe !
Poutine qui excelle dans ce genre de chose doit avoir de bons amis rétribués dans ce Parlement.
Si nous nous considérons en temps de guerre avec la Russie, des parlementaires corrompus et traîtres à la cause européenne, sont passibles d’être fusillés.
En reprenant l’antienne « tous pourris », on pourrait aussi dire « tous espions ».
Qui retiendrait les partisans du « tous pourris » de les fusiller ?

14 décembre 2022

LA SUJÉTION.

Du premier regard, cette société est simple. Elle est fondée sur l’art de faire travailler le plus grand nombre pour les seuls bénéfices de quelques-uns. Ce n’est que lorsqu’on ouvre une montre Piaget que l’on se rend compte de sa sophistication. Elle n’a malgré tout que la fonction de marquer l’heure, comme une Seiko à vingt euros.
L’économie, c’est pareil. À part faire produire ce qui fera le bonheur de quelques-uns et le malheur de tous les autres, elle se résume à peu de choses en surface. C’est à l’intérieur que ça se complique à l’infini et qu’il y faut des règles. Les riches sont des prédateurs. Ils ont tendance à se voler les uns, les autres. Ils se donnent des règles à la fois pour le plaisir de les contourner et en même temps parce qu’elles sont nécessaires pour la préservation d’une certaine harmonie et répartition de ce qu’ils tirent du travail de la masse.
Pour que tout marche à la baguette, il suffit de promener l’âne avec une carotte qu’il ne peut atteindre. Le pauvre tire la charrette et son contenu pour un leurre. Le riche est l’être suprême. Il a des privilèges. Ils sont volontairement ostentatoires, sinon comment saurions-nous que la société le dorlote et que le bonheur suprême, c’est d’en être ! Il est en vitrine exprès. C’est lui qui s’expose et qui donne instruction à ses plus proches domestiques de publier son image à travers le monde.
La carotte est le gros lot d’une loterie internationale, tout le monde y participe. Il y a un gagnant sur dix millions de parieurs. L’astuce, c’est de faire croire que tout le monde peut gagner, ce qui est vrai. Mais, il n’y aura qu’un seul à manger la carotte.
Le martinet, dans les ménages à principes, est caché. Tout le monde sait qu’il existe. Dans la crainte d’être fouetté, on s’en va bosser par tous les temps de façon régulière dès l’aube et même bien avant.

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Le système est enfantin. Il suffit de rendre le travail vertueux en nous faisant croire aux qualités qu’il n’a pas et en gommant toutes les horreurs et les injustices qu’il recèle. Comme l’obéissance dans la servilité est contraire à la nature humaine, outre la crainte du martinet, il convient d’exposer un étalage de sanctions afin de dissuader les tire-au-flanc de croire qu’ils se font avoir. Quand le plus grand nombre est tombé dans le panneau, il suffit de lui montrer les récalcitrants, pour qu’il défende les vertus supposées du travail. Il remplace gracieusement la police du riche.
L’hameçon est gros, mais il s’avale.
La masse se rue sur les contrats de travail qui ne sont que les papiers d’un galérien volontaire au temps des rois, pour avoir le droit de ramer sur la galère, au même titre que les condamnés et les esclaves. Et il le devient d’une certaine manière sans le savoir.
Ce qu’il a signé, c’est sa sujétion à un maître.
La sujétion est la situation d’une personne soumise à une autorité, une domination souveraine, impliquant sa soumission. C’est-à-dire que l’inconscient signataire loue ses services moyennant rétribution en renonçant à toute initiative personnelle, horaire, genre de travail et cadence comprise. Il ne doit plus penser qu’à ce que le maître lui dit de penser. Il perd son libre arbitre, pour une sécurité aléatoire, le contrat pouvant toujours être rompu par la seule volonté du maître.
Le système fait passer ces contrats, pour des réussites assez rares pour qu’elles soient disputées entre les candidats.
Qui n’a jamais ressenti au travail ce que cela implique de servitudes en vivant dans la crainte de perdre les « bénéfices » du contrat ? Ce pouvoir du maître est une épée de Damoclès brandie au-dessus de la tête du malheureux qui oriente sa vie et la vie de sa famille, sur le renouvellement du contrat jusqu’à sa retraite. Ah ! la retraite… moment de grâce considéré comme une libération pour les uns et un enfer pour ceux qui ont pris goût d’une servitude qui agit comme une drogue. Ils souffrent alors de son absence. Cela hâte leur trépas, au seul bénéfice de l’Administration qui raie leurs noms du registre des pensions. Les autres font enfin ce qu’ils veulent de leurs journées, sauf que beaucoup n’ont plus l’allant, ni même les idées de liberté de leur jeunesse. On ne peut pas avoir vécu quarante ans dans la servitude, sans garder une trace des fers.
Fin 2022 le système dérape et perd pied dans des circonstances défavorables, des impondérables, de ce qu’enfin on a présenté comme vertu et qui n’était que des tromperies grossières.
L’attitude du peuple est étrange. Il avait fini par s’habituer à sa servitude. Sans harnais, le cheval de trait s’ébroue et galope libre dans la prairie, à l’inverse de l’Humain qui le réclame et s’inquiète de son absence.
Les animaux sous la contrainte ne renoncent jamais à recrouver leur liberté, à l’inverse des Hommes.

13 décembre 2022

Liège, ville morte ?

Liège n’est plus une ville où l’on musarde et où il fait bon vivre. Les tranchées du tram ouvertes un peu partout ajoutent à l’impression, mais la maussaderie ne vient pas de là. Son origine est lointaine, bien avant la crise, dans ces dix années qui vont de 1990 à l’entame du troisième millénaire. Elle se propage par la disparition des commerces du Centre, de l’impression de désolation qui en résulte. Trop de vitrine sans étalage, de rideaux baissés sur un dernier acte de départ définitif, de bouche-trous entre deux survivants à la vente au détail, d’une publicité pour faire croire qu’on va rouvrir, comme au Passage Lemonnier.
À la décharge de Liège, l’effondrement des Classes moyennes est une conséquence de la crise, de l’inflation, et de tout ce qu’on colporte après avoir lu dans les journaux, les mauvaises nouvelles sur la conjoncture, la guerre, la cherté de l’énergie, etc. Elles ne sont pas inhérentes à l’atmosphère délétère de la Ville, mais procède de l’effondrement d’une mondialisation de l’économie et d’un attentat contre les travailleurs, lesquels clients et commerçants de Liège ne peuvent rien.
Liège n’a plus une vraie presse locale, avec la vente à Rossel du journal La Meuse, réduisant cette gazette aux petits potins et faits divers à la poursuite desquelles courent d’un commissariat à l’autre, une rédaction squelettique. On se souvient de la rivalité entre le Journal La Wallonie et le journal La Meuse, malgré le manque d’aménité et de sérieux, nous avions quand même deux opinions différentes traitant de notre avenir.

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Liège n’est plus la Ville des esprits libres, la tête près du bonnet, du franc parler et du bien dire. La Cité ardente a oublié l’honneur d’être la dernière grande Ville francophone à la frontière du monde germain. Elle n’a plus de ces personnages politiques haut en couleur, grandes gueules ou esprits fins qui lui donnaient de l’importance dans les grands partis MR, PS et Engagés (ex CDH).
La mort d’André Cools en 1991, suivi quatre ans plus tard de celle de Jean Gol fut le signal de cet appauvrissement. Bien des Liégeois – même venant de la périphérie – Ans, Herstal, Seraing… ont été en politique des poids lourds qui ont permis à la Ville de Liège de peser à la Région et au Fédéral.
Quelques années plus tard, dans cette décennie précédant l’an 2000, le PS tombait aux mains des Hennuyers à la tête desquelles Élio Di Rupo intriguait pour Mons. Le MR émigrait au Brabant Wallon avec la naissance du clan Michel. Jean-Pierre Grafé ne faisait pas le poids devant Gérard Deprez qui en 1998 fondait le MCC, suite au refus de Joëlle Milket de fermer la boutique du PSC. L’un et l’autre avaient établi leur quartier général à Bruxelles, tournant le dos à la Ville.
Il restait quelques pointures à Liège : Guy Mathot (Seraing) et Guy Coëme (Waremme), emportés par la vague des affaires et impliqués dans les méandres du dossier des hélicoptères Agusta. Michel Daerden, bourgmestre d’Ans en 1993 et l’actuel Bourgmestre de Liège depuis 1999, Willy Demeyer.
Jean-Claude Marcourt (Awans), chef de cabinet de Guy Mathot (1992-1994) est l’homme qui monte à l’époque, au sein de la fédération liégeoise du PS.
De ces années charnières, date le déclin politique de Liège jusqu’à nos jours.
La récente décision de Christine Defraigne (MR) de quitter la politique dès la fin de son mandat de Première échevine de la Ville, laisse vacante la place d’une pointure à trouver dans les milieux libéraux. Cette fin de règne, avait été, quelques années auparavant, précédée par le départ pour Uccle de Didier Reynders.
Ainsi de capitale d’une principauté, Liège est devenue une ville provinciale, peuplée de gens courageux mais démoralisés.
Il reste cependant une forte personnalité, Raoul Hedebouw, président du PTB, Liégeois assumé pour un parti qui monte.
Ce parti à la gauche du PS n’entend pas entrer dans une coalition gouvernementale et participer ainsi, par devers lui, à la survie d’un système économique qu’il estime contraire aux intérêts des gens du peuple.
Sans entrer dans la cuisine interne du PTB, ce refus à quand même un sens négatif dans le cadre de cette chronique touchant aux origines de la dépréciation de la ville, puisqu’ainsi ce parti n’entend pas s’illustrer dans l’organisation d’un renouveau actif.
Peut-être les temps ne sont-ils pas encore venus ? À supposer – ce qui est probable – qu’une élection place le PTB au-dessus du score du PS, devenant ainsi le premier parti de Wallonie, quelle serait sa position dans la composition des gouvernements Régionaux et Fédéraux ?
On n’en est pas là. L’immédiat étant de redonner à Liège la place qu’elle occupait avant son déclin.
L’économie locale n’est que le reflet d’une économie mondiale malade, d’une mondialisation ratée et d’un obstination imbécile des autorités européennes de sa poursuite malgré tout. Cependant le dynamisme local ayant disparu, les Liégeois lucides sont conscients que leur propre défaitisme est en partie responsable du dépérissement de la Ville.

11 décembre 2022

DE SOURCE SÛRE.

La presse people, cornue d’alchimistes des Narcisse célébrés, les sponsors secoués par le secret désir de vendre les produits des producteurs qui les paient, les étonnants raisonnements des joueurs de foot qui pensent avec leurs pieds, les peines de cœur des stars « détruites » par un volage dont elles déplorent la mauvaise haleine à Oprah Winfrey, les discours extravagants des influenceurs sur les suites d’hémorroïdes récalcitrantes soulagées par un slip en vison du Groenland, ces minutieux du détail de leurs fornications à Hollywood, les aigreurs et les souffrances des chanteurs à la mode qui boivent ou qui fument trop, la montée sur les podiums des canailles de la finances, ne m’intéressent pas !
Ce qui ne devrait pas faire l’amusement des chaumières, nuisible à l’esprit et au jugement, remplit l’espace ludique et intellectuel de millions de foyers.
Pourtant, ces sous-produits qui s’insinuent à coup de cash à des directeurs lobotomisés de la presse d’information, me guettent à chaque sortie d’un tabloïd ou d’un magazine. Ils font perdre du temps à la quête de la vraie actu, découragent de cliquer sur Facebook, s’insinuent sous les doigts qui tapent de vraies questions, empêchent de goûter le charme d’une pièce de Sacha Guitry sur You Tube, achèvent de saper le moral des gens dans l’exploration des sites intelligents.
Les aventures et les mésaventures du couple Meghan Markle et prince Harry plongent dans l’hébétement ; qu’elles suscitent l’ire de Charles III, on n’en disconvient pas, mais en quoi cela concerne-t-il les gens ; par leur insignifiance toute de fiel et de sous-entendus ou par le sensationnel obligé des mémoires du joker de la star pour toucher des picaillons, on n’en a rien à foutre. Pour le malheur de l’ensemble de ceux qui savent encore lire, ces deux tourtereaux ont besoin de rameuter le peuple pour se faire des rentes et vivre sur un grand pied. La Couronne britannique grandirait aux yeux des Anglais si Charles III leur disait « Combien vous faut-il pour rester les plus fastueux des Windsor et vous faire oublier en Californie ? ». Régler ensuite la facture en toute discrétion n’est qu’une formalité. À moins que faire parler de soi par tous les moyens, même quand on n’a aucun talent et que l’on n’a rien à dire, soit tellement jouissif que c’est comme une drogue dont on ne peut plus se passer. Charles III n’a plus qu’à rempocher son carnet de chèques.

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On passe sur l'opération du nez qui a ruiné la carrière de la star de 'Dirty Dancing', Jennifer Grey. Plus personne ne la connaît, comme son film qui était sans doute un beau navet, pour aborder l’icône suprême, Céline Dion, dans sa nouvelle mission de renseigner le public sur sa maladie. Avant, il y eut celle de « Rêné », son impresario de mari, impressionnante répétition qui avait mobilisé les foules ; c’était les préparer à pire, le syndrome de la personne raide (SPR), pathologie neurologique rare caractérisée par une raideur musculaire progressive et des épisodes répétés de spasmes musculaires douloureux. Vous me direz, celle de « Rêné » était sans doute plus terrible, puisqu’il en est mort ! Que nenni, celle de Céline Dion est rare, ne l’oublions pas, une maladie de star. On s’en doutait dans ses jeux de scène, la longiligne superstar avait souvent l’air d’un sémaphore. C’était involontaire, son chorégraphe n’en était pas responsable.
Tant de gens souffrent et meurent tous les jours sans en faire mention, qu’une certaine discrétion devrait interdire à certaines chanteuses et chanteurs de meubler le temps au cours duquel ils disparaissent, par des diagnostics signés par des sommités médicales internationales. On sait trop bien quels bénéfices ils tirent avec le mot d’excuse au public, pour douter de leur naïve spontanéité.
Parfois on assiste à l’arroseur arrosé. C’est le cas de Poutine, despote absolu, parmi les pires menteurs avec Trump, cumulant les fausses informations à l’usage des peuples. Il les débite l’air lugubre en victime, tandis que sa Justice condamne à huit ans de prison les Russes qui dénoncent sa guerre en Ukraine.
The Sun et Closer, deux journaux familiers du bidet, ont des certitudes : Poutine serait rongé par le cancer. Des spécialistes voient sur son faciès des signes de démence, d’autres de la maladie de Parkinson. Il y a controverse entre spécialistes, mais il est fini ! Cependant ces augures restent dans le vague. Dommageable qu’on lui attribue une date limite et que l’homme n’en tienne pas compte.
Comme c’est un peu gros, que certains journalistes plus prudents ne sont pas si définitifs, des fûtés truffent leurs élucubrations de garde-fous. « Selon une récente fuite de mails confidentiels, il se pourrait bien que ces dires ne soient pas si mensongers qu’il n’y paraît. »
Imparable ! Des menteurs disent qu’ils le sont, mais ce n’est pas si farfelus !
Tirons l’échelle du marronnier, la cueillette est finie.

10 décembre 2022

Amalgame


Au long des reliefs géographiques qui courent de Dunkerque au lac alpin de Wörthersee en Autriche, serpente une ligne de séparation bien réelle entre les Latins et les Germains. Des guerres au cours des siècles ont façonné ses contours. De part et d’autre deux cultures totalement différentes ont prospéré.
Durant la plus grande partie de son parcours, la frontière épouse des obstacles naturels, les Alpes, le Jura, les Vosges et l’Ardenne. Manque de chance, de Dunkerque à Maastricht, le relief disparaît pour laisser une immense plaine littorale jusqu’à la Mer du Nord. Le terrain idéal pour que du Haut Moyen-âge à nos jours, Latins et Germains s’étripent dans l’espoir d’agrandir leurs baronnies, puis leur pays.
C’est par Sedan que l’Allemagne d’Adolphe mit l’armée française en déroute.
Sans obstacle naturel, les populations se sont taillées des parts de cette plaine sans vraiment se fréquenter. La capitale de la Belgique est une de ces curiosités qu’aucun pays au monde ne peut comprendre. Même les autochtones ont peine à imaginer la philosophie, pour la raison qu’il n’y en a pas une, mais deux qui ne se mélangent pas, malgré les efforts des profiteurs économiques et politiques du système bicéphale. Sa structure est torturée par des frontières qui tiennent à la langue et aux mœurs dans des proximités qui feraient toucher Paris à Berlin par le boulevard de la Chapelle.
Drôle d’idée de l’Union Européenne d’avoir choisi Bruxelles comme capitale. Ce territoire est à la fois revendiqué par les Latins et les Germains, en principe réconciliés de traités en traités européens. En réalité à couteau tiré depuis la nuit des temps, les Flamands s’infiltrant au centre et les Latins s’aventurant à la périphérie.
L’agglomération de Bruxelles est un condensé d’une confrontation très ancienne. Le Centre est un îlot de latinité qui au fur et à mesure de sa dispersion dans les communes périphériques entre en contact avec un monde qui n’est pas le sien et dont elle n’entendra et ne dira jamais assez bien la langue pour que les deux cultures se confondent et s’associent.
Une économie commune des deux Nations n’a jamais réussi à faire disparaître les différences, mettant ainsi fin, là aussi, au songe creux des multiculturalistes qui se bercent encore de l’espoir d’amalgamer en d’autres lieux, du côté opposé à la Mer du Nord, dans ce Sud ensoleillé, le monde latin avec le monde arabe que n’arrête plus la Méditerranée.
L’UE a raté sa chance de rendre service aux Européens en croyant subtil d’appliquer les techniques économiques aux différences culturelles des deux peuples, afin qu’on n’en distinguât pas Germains et Latins. Comme s’il était possible de faire comprendre l’œuvre de Debussy aux amateurs de Richard Wagner.
La mondialisation économique est un four noir qui débouche sur le désastre actuel. Ceux qui prétendent encore remettre sur pied ce qu’il en reste après la crise, sont les mêmes intellectuels qui sont convaincus que l’amalgame des cultures est possible sans que celles-ci perdent de leur brillance et de leur capacité à forger l’âme des Nations.
Il n’y avait pas besoin d’un gâchis supplémentaire d’une Europe décidée à établir ses quartiers dans une pétaudière prête à exploser.

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Il est même possible que l’implantation du monde arabe dans certaines communes de l’agglomération bruxelloise soit le facteur éclairant qui manquait à l’impossibilité de comprendre l’échec de l’amalgame entre les cultures flamande et latine. Car l’avenir nous apprendra dans les mêmes conditions de nos affrontements anciens, qu’une civilisation encore plus différente puisque venue d’un autre continent, puisse se résoudre à devenir autre chose que le genre de culture qu’elle transporte dans son sang.
Ce qui gêne nos intellectuels de haut rang c’est cette erreur qu’ils ont commise de croire l’inverse et dont ils ne voudront jamais reconnaître l’erreur gravissime, dans l’espérance d’un amalgame culturel des peuples. Au point que les citoyens doutent aujourd’hui de leur intelligence.
Mieux, à cause d’eux, Bruxelles est aujourd’hui non seulement le terrain d’un affrontement séculaire entre Latin et Germain, mais est aussi en délicatesse avec un monde arabe qu’on a laissé s’implanter en pensant peut-être que le pluriculturel avait plus de chance de prendre à trois qu’à deux.
A nos malheurs, ces inconscients en ont ajouté un autre, dont on ne saurait dire comme dans la Fable du bon Lafontaine « Le chat, la belette et le petit lapin », si ce n’est pas la pire des solutions
« Aussitôt qu'à portée il (le chat) vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre. »
Mercredi 14 décembre France-Maroc en demi-finale du championnat du monde de foot, un haut moment de déconstruction culturelle.

9 décembre 2022

Frank et Maggie, même combat !

Frank Vandenbroucke est un de ces lépidoptères de gauche (vooruit) qu’aime épingler le collectionneur. Il entre au gouvernement Dehaene en 1994 pour démissionner après cinq mois pour avoir été mis en cause dans l’Affaire Agusta.
Vingt-huit ans plus tard, une sale affaire sur les bras ne gêne plus personne dans le monde politique.
Il se met au vert pendant quelques années, histoire de se faire oublier. Son parti le rappelle après son exil des urnes. Il retâte au truc fédéral en 1999, en qualité de ministre fédéral des Affaires sociales et des Pensions du gouvernement de Guy Verhofstadt. Il troque en 2003 les Affaires sociales pour l'Emploi dans le gouvernement Verhofstadt II. En 2010, il quitte « définitivement » la politique. Le public pousse un « ouf » de soulagement. Vain soulagement ! Il revient dans l’actualité, vierge de son passé, paré de son manteau d’oubli, ministre de la Santé, dans l’actuel gouvernement d’Alexander De Croo.
De son bannissement, il ramène une thèse gambergée dans une université de prestige « Justice sociale et éthique individuelle dans une société ouverte: égalité, responsabilité, et incitants » non encore traduite de l’américain, fort heureusement pour la quiétude des usagers de la langue de Vondel.
Comme on peut comprendre au pitch, le citoyen a finalement plus de responsabilités que de droits dans la société ouverte de Frank. Sa thèse, si elle était appliquée, conduirait à une démocratie où le peuple donnant plus qu’il ne recevrait serait aussi bien baisé que s’il était resté dans celle qu’on a aujourd’hui.
Alors, question de bon sens, pourquoi changer ?
Bref, ses turlupinades n’ont fait qu’attiser le désir de son président de parti de le voir réintégrer le corps privilégié des ministres en exercice. Il y a comme ça, des fatalités que l’on ne s’explique pas !
Métamorphosé conseillé médical en chef, le ministre de la Santé Vandenbroecke, nous les casse depuis deux ans au sujet des vaccinations Covid-19, du port des masques et des rapports du public avec les hôpitaux. C’est dire si fin 2022 l’épidémie repartant à la hausse, notre homme n’a pas fini de nous prendre pour des demeurés ne comprenant rien à rien.

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Il y a ainsi dans les destins des ministres socialistes une fatalité soit à mettre les doigts dans le pot de confiture du fric national, là où il n’y a qu’à prendre, soit faire une connerie qui compense par son ampleur les détournements que les habitués du pouvoir ont tous rêvés d’au moins faire une fois dans leur vie.
Après l’affaire Agusta on imagine que Frank ait décidé d’opter pour la connerie.
Patatras ! La connerie est grandiose. Elle égale celle de Maggie De Block qui laissa pourrir sous la pluie d’une toiture en mauvais état d’un hangar de l’armée, des millions de masques !
« Het Laatse Nieuws » fin octobre a lâché le morceau. Le ministre devait réagir sur le fait que l’équivalant de 10,7 millions € de tests Covid-19 achetés par ses soins étaient bons à jeter à la poubelle des entrepôts de l’État. Peut-être est-ce le même que celui de Maggie ? Le socialiste avait alors nié les faits, en expliquant que la perte n’était que de 498.000 euros et que le gâchis était donc à relativiser.
Un demi-million d’euros à relativiser, ce n’est pas rien quand même, mais passons sur le relatif…
Quelques semaines plus tard, le journal consulte une note interne du SPF Santé qui confirme que les montants sont différents de ceux annoncés par le ministre.
La patate était bien de 10,7 millions d’euros !
Frank finit par s’excuser et admettre que les calculs de ses collaborateurs n’étaient pas corrects. Le SPF avait indiqué qu’un produit en particulier valait 4,9 euros par unité. La réalité, c’est que le produit en question coûtait 390 fois plus, soit 1.905 euros par unité. Cette grossière erreur fait donc grimper la perte d’argent à 10,7 millions d’euros. En période de crise, ça a du mal à passer. Les journalistes rapportent qu’il ne s’agit pas de la seule erreur dans les calculs du ministre.
« Je trouve pour le moins fâcheux d’avoir livré des chiffres à ce point erronés. Ces mauvaises estimations sont dues à l’utilisation d’un prix unitaire erroné pour une certaine partie du matériel », regrette le ministre, qui auparavant s’était défaussé toujours, aussi élégamment, sur ses collaborateurs. Et de promettre qu’un nouvel inventaire des stocks dans les labos fédéraux sera effectué « à des prix corrects ». Un journaliste l’interrogea ensuite sur l’intérêt d’un audit, pour mettre au clair les responsabilités dans ce nouveau gaspillage. On attend toujours la réponse de l’intéressé.
Les ministres pris en flagrant délit d’erreurs aussi magistrales ne démissionnent plus par les temps qui courent. C’était bon au temps passé, quand il y avait encore une question d’honneur à bien accomplir la mission confiée par les citoyens.
D’un parti à l’autre du même bord, les socialistes se fréquentent-ils encore ? Une partie de poker menteur entre Frank Vandenbroecke et Jean-Claude Marcourt aurait son petit succès.

8 décembre 2022

Vacances à Dubaï !

Ce qui perd un haut fonctionnaire, comme un ministre, c’est l’illusion de se croire intouchable. Cela commence par de petits écarts, des passe-droits. On prend l’habitude d’interpréter les règlements, puis on en vient aux lois. Arrive le moment où la distinction des pouvoirs accordés à la fonction n’a plus de repères autres que ceux que l’on détermine soi-même, toujours plus larges au fur et à mesure de la montée en puissance dans les assemblées et les réunions politiques dans lesquelles barbotent inférieurs et supérieurs. C’est là que s’égare le mieux le distinguo entre possible et impossible, trompé par l’excessive déférence jusqu’à l’obséquiosité qu’il apprécie autour de lui, le ministre ou le haut fonctionnaire se fourvoie alors si ouvertement qu’il finit par l’initiative de trop, l’indélicatesse flagrante impossible à rattraper.
Frédéric Janssen et Jean-Claude Marcourt ont déjà défrayé la chronique des scandales au Parlement Wallon, après qu’une plainte de la moitié du personnel ait été déposée devant l’Assemblée sur le comportement du greffier de l’Assemblée. Tyranneau à ses heures, insultant « ses têtes », le greffier avait acquis au cours des ans une réputation de scrogneugneu d’adjudant-chef à la Courteline.
Jean-Claude Marcourt se voyait emporté par le scandale comme étant le président du Parlement ayant soutenu et protégé le greffier.
On est ici dans les anciens travers du PS à la base de beaucoup de scandales, donnant l’image peu flatteuse du parti après l’assassinat d’André Cools, que révélèrent les conclusions du formidable travail de la juge Ancia. Il se pourrait que ces turpitudes fussent inhérentes à la cupidité des Hommes d’État que ce parti fournit toujours à la Wallonie et à l’État, par la grâce du soutien des électeurs.
Ce serait une sorte de tare du socialisme corrompu par son ralliement à l’économie capitaliste. Bien entendu, tout n’est pas vertueux ailleurs, loin de là, mais cette constante à défrayer la chronique des scandales à quelque chose d’interpelant.
Et justement, de nouvelles révélations font état de frais de voyages et de déplacements anormalement élevés du greffier, Frédéric Janssens, qui était accompagné, de Jean-Claude Marcourt, lorsqu’il s’est rendu à Dubaï.
Que diable !... qu’est-ce qu’un huissier, même en chef, allait faire à Dubaï ? Et Marcourt ! n’y avait-il pas des pays plus intéressant à visiter, en supposant que d’autres expositions où figurent la Wallonie, n’ont pas besoin de Marcourt et encore moins de l’huissier Janssen, pour tenir un stand à la gloire des fromages du Pays de Herve.
Après des faits de harcèlement moral et l’explosion des dépenses liées à l’extension du Parlement wallon, voilà la « mission » à Dubaï qui refait surface. Par une sorte de fatalité, c’est à la fin du jugement définitif d’Alain Mathot à propos des pots de vin dans l’affaire de l’usine de traitement des détritus de Herstal, qui condamne l’ancien ténor à de fortes amendes et à de la prison avec sursis, ancienne tête de gondole de la grosse section liégeoise du parti socialiste de la rue Sainte-Véronique et membre influent de la Loge de la rue Fabry.
Décidément, ils le font exprès !

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Le montant du déplacement à l’exposition universelle à Dubaï avoisine les 19.000 euros. A une époque où Elio di Rupo crie famine à la Région et aux difficultés des ménages qui ne devraient pas leur échapper, des responsables politiques dilapident l’argent public dans des voyages luxueux.
Les deux compères se sont tapés la classe business côté transport, des chambres dans un hôtel luxueux à presque six cents euros la nuit. Enfin, « une guide » aurait été payée pour accompagner la délégation. L’Escort-girl les aurait soulagés de 3.446,22 euros pour quatre jours.
Les dépenses de ce voyage posent clairement problème, puisque les montants sont tout à fait excessifs. Ils dépassent clairement ce qui avait été mis sur la table au moment où ce projet a été discuté, hurlent les écolos.
Un petit copain des deux joyeux représentants wallons, André Frédéric, chef de groupe PS au Parlement wallon, vole à leur secours : "C’est toujours facile de réexpliquer le match quand il est fini (l’escapade avait cependant lieu avant la coupe du monde) tout le monde a un avis, tout le monde sait comment il fallait faire. Une fois qu’une décision est prise, ce sont les services du greffe qui organisent les déplacements et ce n’est pas moi qui réserve les billets d’avion".
L’écran de fumée est déjà en place pour envelopper les frais dans un flou artistique. Jean-Claude Marcourt au journal Le Soir explique avoir participé à ce déplacement, sur base d’une décision prise par le bureau élargi du Parlement auquel participent tous les groupes politiques. Concernant son voyage en classe affaires, il avance que c’est la règle dans la plupart des institutions, quand le vol dépasse une durée de 5 heures.
Les fesses de ces messieurs seraient sanguinolentes après cinq heures en classe touriste ? On demande à voir.

7 décembre 2022

« Fusion-Scission » au gouvernement.

Xième réunion chez De Croo à propos du nucléaire.
Pas besoin d’être présent pour imaginer la cacophonie régnant rue de la Loi, ce mercredi, à propos des centrales nucléaires. À partir du moment où il n’a jamais été question de mettre en doute le mode de vie actuel, pur produit de la logique productiviste d’un système fou, que voulez-vous qu’ils se disent, sinon rabâcher des sornettes ?
Les chèvrechoutistes écologistes tergiversent, se concertent, se déchirent à propos des fermetures des centrales. Fermera ? Ne fermera pas ?
Ce débat qui n’a l’air de rien est en réalité un marqueur politique. Les socialistes sont entre deux idées et les écolos entre trois, seuls les Bleus sont farouchement pour les centrales. GLB s’en étrangle. Ils sont tellement engagés, que c’est « marche ou crève », sauf que même marchant, on va tous crever. Mais ça, c’est pour un futur lointain, incompréhensible pour eux ! Seules les projections qui n’excèdent pas cinq ans, échéance de leur future réélection, sont étudiées. Les élus sont pragmatiques.
Ils sont comme des enfants au bac à sable, surveillés par le système, la haute finance et les intérêts des holdings. Big Brother attentif à tout ce qui pourrait contrarier le monde qu’il a créé, les observe, peu inquiet quant à la conclusion des débats. Il connaît la limite de ces petits cons favoris, bardés de diplômes et de certitudes.
Question pratique dans le jusqu’auboutisme, avec les difficultés d’approvisionnement, l’incertitude du climat cet hiver, il faut garder le plus de centrales ouvertes possibles. Avec l’expansion des besoins en électricité : les voitures électriques et les robots de toutes sortes réclamant de plus en plus de courant, il est vital de maintenir toutes les centrales en activité, mais encore en construire d’autres.
C’est la logique d’un apparatchik de la société de consommation qui raisonne en bon libéral. Son produit est bien la société actuelle qui a l’obligation de poursuivre son expansion sous peine de disparaître tout de suite dans un chaos économique ou être prolongée jusqu’à l’extinction des ressources naturelles de la planète et disparaître, à une date non précisée, mais plus lointaine et ce définitivement.

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Comme il n’y aucune voie autre que celle-là, qu’aucun plan n’a été mis à l’étude pour éviter un clash certain, il n’y a pas à barguigner et faire la fine bouche, si nous voulons éviter le chaos.
Les gens se plient à tout, sauf à manquer d’électricité puisqu’ils sont impliqués dans le système et qu’on ne leur a pas laissé d’autre alternative que ce qui est devenu « consomme qui peut », les autres n’ont qu’à aller se faire foutre ailleurs… et comme il n’y a pas d’ailleurs…
Dans l’absence d’une organisation sociale qui aurait prévu un accommodement afin d’économiser la destruction du milieu naturel, nous allons tous ensemble à la mort assurée de l’espèce, en suivant l’actuel programme. Mais nous irons au trépas à pas lents. Nous pouvons donc poursuivre le trajet du train fou capitaliste. Cette génération espère consommer toujours plus, se gaver de gadgets et de robots savantissimes qui feront tout afin qu’elle puisse vivre en nabab du pétrole, même si celui-ci sera en voie d’extinction complète. Nos dirigeants non d’autre alternative que de monter sur un Titanic industriel qui se rue à la rencontre de l’iceberg qui l’ouvrira comme une boîte de conserve.
Il n’est question que de ça !
Nous aurons un approvisionnement assuré cet hiver, sans coupure d’électricité en suivant ce productivisme issu de la logique de consommation, dont nous ne savons comment nous défaire.
Dans ce cénacle du bien disant, nos petits génies se sont tous associés pour glisser dans un tiroir du bureau d’Alexander, écolos compris, ce qui n’est pas résolu dans le nucléaire et qui reste un problème majeur dont les générations suivantes hériteront.
Comment se défaire des déchets radioactifs dont certains peuvent constituer un danger pendant plusieurs siècles ? Les enterrer au plus profond est-ce une solution ? Les jeter dans des abysses, comme certaines pratiques toujours en cours, quel crime n’accomplit-on par-là ? Comment rendre à l’industrie et le cas échéant à l’agriculture, les hectares de terre sur lesquelles sont construites les centrales nucléaires, qu’il faudra bien un jour détruire lorsqu’elles seront obsolètes ?
Enfin, en cas de guerre, les centrales ont montré leur vulnérabilité. On a vu que les artificiers de Poutine ont failli à plusieurs reprises se farcir un réacteur.
Dernier écueil non résolu, même si les emplacements souterrains choisis sont réputés sûrs et stables, qui peut dire qu’ils le seront encore dans cent ans ? Ne faut-il pas craindre les crues rapides des fleuves à des étiages inconnus aujourd’hui, des séismes et des tempêtes majeures causés par les changements climatiques, comme il faut s’attendre à des fleuves à sec certaines saisons, pour les centrales qui refroidissent leur réacteur à la température ambiante du fleuve ?
Ces questions déjà pendantes à la construction des plus vieilles centrales et qu’on allait résoudre très rapidement, ne le sont pas encore et ne le seront peut-être jamais.

6 décembre 2022

Les soirées de Marly !

Après le sérieux, le frivole.
Être (de Marly) était un honneur suprême. Rassurez-vous, vous n’en auriez pas été, ni au siècle de Louis XIV, ni au nôtre.
Y a-t-il rien de plus léger que le spectacle que nous offre les élites ?
Le théâtre heureux qu’ils nous montrent, est une suite de Ballets de Lully relookée façon moderne.
C’est le spectacle d’eux-mêmes, de leur réussite sur la façon dont ils conduisent le pays. Notre Louis XIV parti se répandre en somptuosité Rond-Point Schumann, le surintendant Fouquet, premier ministre, voyage beaucoup pour nous et pour son plaisir, sous le nom d’emprunt, bien sûr, d’Alexander De Croo. Il est flanqué d’une ancienne speakerine de la télévision, venue de peu et parvenue à la cour, par la grâce de Monsieur, frère du roi, Orléans-Bouchez, sa favorite.
Alexander-Fouquet ne risque pas de finir à Pignerol, victime d’une lettre de cachet ou d’une défaite électorale. Tout le monde peut remarquer qu’un ministre du royaume, même désavoué, même battu aux élections, même d’une grande médiocrité tout au long de son mandat, est toujours recasé sans passer par l’ONEM.
En attendant une retraite à moins de cinquante ans, Alexander-Fouquet serre les mains d’autres illustres partout dans le monde, en notre nom. À l’UE, il donne souvent des leçons et se place en premier ministre exemplaire. Malgré l’étalage de ses compétences et de son obéissance à l’Amérique, Ursula von des Leyen le pointe du doigt et colporte partout que la Belgique est le mauvais élève des 27. Qu’importe puisque tout se passe au-dessus de nos têtes et que nous ne nous sentons concernés que lorsqu’on serre la vis trop vivement, comme jadis la torture du tourniquet qui faisait craquer les os des manants de notre sorte.
La merveille des laides manières apprises sous l’Ancien Régime s’est cristallisée dans la roche de quelque chose qui a l’aspect d’une démocratie, mais qui n’en est pas une. Les auteurs de la pièce sont également ceux qui la commentent et apprécient leurs propres mots d’esprit dans leurs grands monologues. Les trois actes, la venue, l’action, le triomphe se passent dans les jardins à proximité des fontaines et des serres de Laeken. Vous n’y êtes pas les bienvenus.
Et pour cause, les spectateurs sont en même temps les figurants muets de la comédie.

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Qu’importe cette incompréhension du peuple qu’ils devinent et les chagrinent pour l’unique raison que cela pourrait mal tourner. Leur seul défaut : ils sont trop intelligents ! Mais ils ne désespèrent pas que l’euro glissé dans la fente du jukebox des amusements pour débiles légers, ne déjoue les difficultés passagères. Nous faire aimer leur gavotte primesautière, n’est qu’une affaire d’adaptation de leur haute intelligence à la médiocrité de la nôtre.
Après Laeken, les auteurs nous promènent dans le parc d’attractions où ils ont regroupé tous les symboles de leur réussite, les visiteurs amusés se croient sur une autre planète, une Belgique martienne, rigolote et satisfaite.
Ils sont émerveillés de la facilité que leur procure l’organisation mondiale de l’économie et des arrangements entre démocraties. Leur job pourrait être exécuté par un enfant ! Après tout, Louis XV fut roi à cinq ans !
Ils sont en intérim comme madame Wilmès le fut au départ du grand Charles. Ils n’ont rien d’autre à faire qu’ouvrir le courrier venu de Washington et répercuter la douleur sur la barbaque de leurs abattoirs ! Le succès est assuré.
« Mais comment peut-on » se récrient les salons libéraux : les temps changent ! Les gens n’ont plus la bosse de l’admiration pour ce qui est au-dessus d’eux. Ils n’ont plus le respect des décors, des costumes, des diplômes. On peut très bien parler l’anglais comme Shakespeare et être un beau con.
Le ridicule les a peut-être rattrapés sans qu’ils s’en doutent. L’odieux de leur position par rapport à celle du peuple en souffrance ne les touche pas encore, mais il y a progrès.
Le peuple en se durcissant pour échapper à ses souffrances est devenu réfractaire !
Il a fini par comprendre qu’il peut se moquer de qui le moque. Il sait que contenter les gens du dessus, s’était, quelque part, être mécontent de soi.
Il a bien vu que nos Maîtres sont en réalité des valets d’autres maîtres. La Belgique, au point où elle en est, peut faire l’économie de ses intermédiaires. La vie serait-elle si différente si nous étions directement un protectorat américain, un ixième État des rois du commerce et de la thune ? Au moins, sous tutelle, nous serions débarrassés d’une belle collection de prétentieux imbéciles.

5 décembre 2022

TENIR

Vite dit ! Ce n’est pas le moment de flancher. Loin des cabinets ministériels, dans des apparts entre 19° et 20°, aux précarités telles qu’on est sans défense quand un loustic, bureau à 25°, dit qu’après trois ans de mouscailles un chômeur devrait perdre le droit aux allocations. On a envie de lui botter les fesses.
Le super-planqué a raison à sa manière. Les chômeurs sont des bombes à retardement. En leur retirant le pain de la bouche, on les affaiblit, on les désamorce. Ils viennent vous manger dans la main ricane le Haut-Lieu !
Joindre les deux bouts avec moins de mille euros par mois à Bruxelles, ce n’est pas que cela soit possible ou non. Dépassé par les événements, aux pieds des monstres en bureaux et couloirs des commissions européennes, chauffage à 25° et col roulé à la sortie pour l’exemple, oui, des gens vivent avec moins de mille euros pas mois. Ils doivent leur survie aux poubelles nourricières, à des repas aux choux, rapides et gratuits, sous des bâches ou des salles de fête rescapées de la Belgique Joyeuse de 54. Des matrones, reluisantes de bonne action, versent dans d’épaisses terres cuites, des louches fumantes d’une soupe nourricière.
La débrouille nécessaire pour prolonger la vie aiguise l’instinct du chasseur efflanqué. Il rode dans les rues, l’œil aux aguets. Il est dans la peau du renard qui n’a plus mangé depuis trois jours. Il y a toujours un coup à faire pour se remplir le ventre. Il faut savoir prendre sa chance. Lui aussi est désamorcé, dans l’incapacité de penser à autre chose qu’à son estomac.
Courir les rues, une pancarte à la main « On a faim », ce n’est plus pour lui. Encore faudrait-il pouvoir courir. Renseignements pris, des 21° s’activent. Pas les 25° trop éloignés des cuisines dans lesquelles, des besogneux, choisis du troupeau du FOREM, se dépensent,. La solidarité vient toujours du maillon à côté. Le bout de la chaîne est trop loin, hors de portée de tous sentiments.

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Les tables ouvertes des restos d’où sortent l’odeur des caricoles et le bruit des vaisselles et des verres entrechoqués, ça existe encore. Depuis les froids, les portes sont closes et les bruits étouffés. Il faut guetter une sortie, se faufiler attraper un beau reste et se sauver un restant de sauce sur le pantalon.
Ces coureurs des bois dans une ville sont pourtant moins nombreux que les résignés, les pauvres honteux qui rabâchent en secret leur détresse. Pour eux, c’est une question d’honneur. On ne montre pas qu’on est dans le besoin. C’est une affaire personnelle qui ne regarde même pas les riches de la Ville Haute, le 16, rue de la Loi, le Palais du roi, les musées tous ces bâtiments anciens et pour certains magnifiques, l’énorme dôme du palais de justice au loin de la chaussée descendante, juste au-dessus des Marolles, cet espace de prestige de la Belgique qui n’a pas faim.
Non, le pauvre qui cache sa détresse pour garder son honneur n’a rien à attendre de « ces gens-là". Il n’est pas comme Brel qui les épingla un jour dans une chanson. Depuis qu’il se méprise, ce pauvre-là n’a plus un regard méprisant pour personne, même pas pour les riches, pourtant des ennemis de classe qui l’affament.
La dignité dans la pauvreté est une sauvegarde pour rester soi-même, en même temps qu’un étouffoir des colères et des doutes.
Enfin, il y a ceux qui n’ont pas attendu les grands froids pour mourir dans leur mansarde du mal mystérieux qui touche à la fois les bronches et le plus du tout envie de vivre.
Combien sont-ils ? On ne le saura jamais. Dans cette Belgique des statistiques, c’est une projection qu’on ne fait pas. La pauvreté n’intéresse que ceux qui en sont accablés, sauf quelques laïcs, curés dans l’âme, effrayés de leur impuissance et souvent moqués par les gens d’au-dessus. La société d’étalage, celle qui compte et qu’on montre partout, prend bien soin de ne se moquer des pauvres qu’en privé. Par contre les bénévoles du secours ultime en prennent pour leur sacerdoce. « De quoi je me mêle, donner sous les fenêtres de la Commission l’image d’une Bruxelles du moyen-âge ! », de quoi avons-nous l’air rotent, entre deux lampées de Grand-Marnier, les douairières de l’après-bridge l’œil dans la rue où se dégrade le rez-de-chaussée du bel immeuble par la faute d’un architecte 1900, qui ne pouvait pas savoir l’usage que des pauvres feraient de l’encorbellement du balcon à l’étage, un toit de pierre momentané, quand, entre deux rondes des flics, on s’abrite de la pluie.
On se bouscule en ce mois de décembre à la veille des fêtes sur une étroite bande de Belgique entre misère et médiocrité. Le plus clair des Belges y piétine face à l’horreur du précipice. On se retient à tout ce qu’on peut. On fait des vœux pour ne pas tomber dans le trou. Certains sont prêts à y pousser le ménage voisin à leur place, tout à fait par le réflexe des gens du dessus !
Demain à ces Belges, entre la vie heureuse et l’incertitude des jours, Alexander De Croo dira des mots convenus de bonne santé et de prospérité, sans un mot sur les pensions et les indemnités de remplacement. Fin d’année, le roi reprendra le discours qu’on lui a écrit au début de son règne. Le Palais paie un secrétaire rien que pour changer les dates.
Et puis… basta…

4 décembre 2022

Baudouin post-mortem !

Cette chronique devait être un credo à la laïcité. Par scrupule, je me suis demandé si je connaissais bien mon affaire ? Se perdre dans le fatras des lois et des philosophies de Victor Hugo à Renan, n’était pas difficile. Je m’y suis perdu. Ce n’est donc plus un hymne au triomphe de croire ou ne pas croire, sous la protection de l’État laïc dont il sera question ; mais de l’art d’avaler des couleuvres ce que je fis toute ma vie, « à l’insu de mon plein gré » pour paraphraser Virenque. La réalité objective était dans les livres et les tables de la loi, mon solipsisme m’a été fatal !
La laïcité est partie intégrante de l’État de droit me semblait-il. À partir de cela, il était facile de redéfinir de façon personnelle, ce que chacun entend par laïcité et de faire éventuellement des remarques sur les faiblesses de l’État belge en faveur des religions.
Erreur ! La Belgique n’est pas un État laïc comme l’établit la Loi de 1905 en France sur la séparation des cultes et de l’État, ce qui permet de ne pas rémunérer les prêtres.
La Belgique est un Etat neutre et non laïc. Cette neutralité de l’Etat belge lui interdit d’intervenir dans la nomination des ministres d’un culte quelconque, mais lui permet, dans le même temps, de financer les cultes reconnus. Il n’est pas non plus d’usage de joindre à ses activités, une réglementation sur la manière de s’habiller de façon ostentatoire, afin de faire du mannequinat à titre gracieux à la religion pratiquée.
Je savais que les prêtres catholiques étaient rémunérés depuis les débuts de l’État, puisque cette religion fut dominante pendant une bonne centaine d’années. Je me disais : c’est une entourloupette en faveur d’une coterie, écornant par son anomalie la suprématie de la laïcité comme principe d’État sur les cultes pratiqués en Belgique. La reconnaissance des cultes catholique, protestant et israélite découle d’actes antérieurs à l’indépendance de l’Etat belge et respectés au moment de la promulgation de la nouvelle Constitution.
J’avais tout faux !
Outre l’entretient des Églises souvent monuments classés, les Provinces en Flandre et en Wallonie et la région bruxelloise financent l’entretien et le fonctionnement de 82 « mosquées reconnues » parmi les quelque 300 recensées sur le territoire.
Le salaire annuel brut de l’archevêque Joseph De Kesel est fixé à 112.170 euros et celui des évêques à 90.442 euros. Les vicaires généraux d’archevêchés ou d’évêchés touchent 33.498 euros brut par an, tandis que les chanoines (ecclésiastiques membres du chapitre d’une église cathédrale, d’une collégiale ou d’une basilique) gagnent 34.331 euros brut par an. Les curés, vicaires, chapelains et assistants paroissiaux touchent quant à eux 21.998 euros par an.

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En ce qui regarde les musulmans, les salaires les plus élevés sont inférieurs à ceux en vigueur dans l'Eglise catholique. Imam premier en rang : 18.653 euros, deuxième en rang : 15.841 euros, troisième en rang :13.409 euros. Quelques dizaines sont payées directement par l’Algérie, le Maroc ou la Turquie.
Dans les années soixante, le roi Baudouin avait confié la gestion de la mosquée du Cinquantenaire (la Grande Mosquée) dans un bâtiment propriété de l’État belge, à l’Arabie saoudite. L’avait-il fait d’autorité ou était-ce avec la complicité du gouvernement de l’époque ? Je n’ai pas la réponse.
Perçue comme un centre de diffusion de la pensée wahhabite, cette mosquée est influente par son offre d’activités cultuelles et culturelles.
Qu’avais-je à dire, sinon quelques réflexions convenues.
N’importe quelle société ne peut rester à l'état de théocratie pure, la nôtre le fut indirectement jusqu’au début de la guerre de 14. Après, la société avait changé. Sous la pression des poilus revenus du front, des syndicats et du POB (parti ouvrier belge), le parti chrétien fut bien obligé de réformer l’État et le constituer comme une force distincte de l’Église, dans trois pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire.
La Révolution française avait fait apparaître pour la première fois l'idée de l’État laïc, de l’État neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique. L’œuvre de sécularisation ne fut pas complète, à l’instar de la France.
La notion fondamentale de l’État laïc, c'est-à-dire la délimitation profonde entre le temporel et le spirituel ne s’est pas faite en Belgique. Nous jetons toujours de l’argent par les fenêtres en subventionnant deux écoles et maintenant trois, avec la coranique. Les inconséquences dans la pratique, les concessions de détail, les hypocrisies masquées sous le nom de respect des traditions, ont joué à plein.
Nous ne sommes pas les citoyens d’un État laïc. Qu’on se le tienne pour dit.

3 décembre 2022

Cris et fureurs au sommet !

Ah ! les mœurs parlementaires ont bien changé ! Enfin, on se le demande ?
Au cours des années cinquante, le parlement était aux mains des partis chrétiens flamands et francophones, alliés parfois au petit parti libéral, il damait le pion au parti socialiste. Parmi les appelés d’En-Haut, Gaston Eyskens et Jean Duvieusart n’ont guère défrayé la chronique, sauf ce dernier contre son gré à l’affaire royale et l’insurrection populaire, Pholien et Duvieusart les suivants non plus, tous sortis du même moule en doxologie. Il faut attendre le gouvernement Achille Van Acker pour renverser la vapeur d’eau bénite avec les Bleus qui passent de la sacristie à la maison du peuple, avec l’aisance d’un VRP en électro-ménager.
Des bruits et des fureurs de cette époque, une seule grande gueule ressort : Julien Lahaut, assassiné sur le pas de sa porte il y a tout juste 70 ans. il fut probablement dans le genre, un tonitruant de classe internationale.
La génération 60 a encore en mémoire les coups de gueule d’André Cools. La tradition avec son lot d’énergumènes se poursuit avec plus près de nous, le champion flamand Jean-Marie Dedecker, bourgmestre de Middelkerke.
La nouveauté de cette session parlementaire, c’est la disparition des batteurs d’estrade ; de ces ténors qui, à défaut d’être du barreau, vendent leur robe d’avocat au parti le plus offrant… si l’on excepte Georges-Louis Bouchez de la vieille école, bonimenteur chevronné et ex-avocat pro deo.
La foire d’empoigne, n’est plus entre la majorité et l’opposition, mais dans la majorité elle-même. Ainsi, on n’a plus à se déranger pour l’invective. Elle se fait à domicile. Et dire qu’avant de mettre le bidule sur les rails, il y eut 662 jours de crise !
Aussitôt formé, le gouvernement a explosé en rivalités, intrigues et peaux de banane.
« Vous êtes un menteur, vous dites n’importe quoi » a dit publiquement Paul Magnette à Georges-Louis Bouchez qui n’est pas en reste non plus sur les plateaux de télévision. On pourrait croire que l’un est dans l’opposition et l’autre dans la majorité. Pas du tout, leurs formations font parties du gouvernement d’Alexander De Croo, lui-même en froid avec son « collègue » MR francophone.
Ces propos de l’en-dehors macèrent pour fermenter dans l’en-dedans. La cuvée avance à gros bouillon. Elle sera exceptionnelle en 2022. Dire que ces Messieurs-Dames devront attendre 2024 pour se tourner le dos, c’est peu dire l’ambiance !
D’ici là Charles Michel descendu de la présidence de l’UE par la limite de son mandat, sera toute voile dehors pour reprendre les affaires de l’État.

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Mais quel cirque et quel spectacle nous donnons !
Tout le monde connaît le scénario à l’avance. En 2024, après une fâcherie de deux ans comme l’autre, vers 2026, ils rafistoleront l’ancienne majorité, puisqu’il est impossible d’en concevoir une autre, sauf si les nationalistes flamands atteignent les 50 % des voix.
Cette pétaudière se retrouve au centuple dans les réseaux sociaux. Les invectives pleuvent à propos d’un match de foot ou comment assaisonner une salade. Les plus agressifs se regroupent parmi les fervents du Vlaams Belang et les aficionados de la gauche anti-gauche façon PS.
J’en ai fait l’expérience à propos des échauffourées entre la police et des groupes de jeunes en majorité d’origine marocaine. J’aurais dû savoir que parmi les absolutistes demandeurs d’immigration non contrôlée, j’avais une enragée particulièrement rétive aux arguments des autres.
Le public s’en délecte et s’en fout.
Au palmarès des plus aimé(e)s en Wallonie la chouchou c’est madame Wilmès, célèbre pour n’avoir rien fait lors de son intérim, quand Charles Michel s’est tiré à l’Europe où l’enveloppe fin de mois était plus conséquente. C’est le bel exemple, moins on fait plus on est apprécié ! Le deuxième, c’est Alexander De Croo, on ne sait trop pourquoi, sans doute, le gros de la troupe des admirateurs n’a jamais retenu qu’un nom, celui du chef du gouvernement. C’est la douche froide pour Paul Magnette, troisième au palmarès dans le cœur des Wallons !
Les séances à la Chambre sont loin d’être publiées in extenso dans les gazettes populaires. En vertu d’une impunité légale exemptant des rigueurs de la loi des propos tenus. Le racisme de certains parlementaires y a ses supporters. C’est la régalade.
Sur certains dossiers comme l’immigration ou la sécurité, l’extrême droite est à la pointe de ce qui ne peut se dire devant tout le monde.
L’égalité entre les citoyens devant la Loi y est inconnue en Belgique, l’immunité joue son rôle. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine, certains se rappellent Tcherkassy, l’héroïsme des Siegfried des bords de l’Escaut valant celle des bords du Rhin.

2 décembre 2022

Soirée chic à Mons !

Aujourd’hui tous les partis investissent dans l’arsenal numérique. L’intérêt tient dans les mesures en continu de l’audience, les sondages d’opinion c’est du passé. Alors qu’en 2019, c’était encore Facebook et Twitter qui avaient la cote, depuis la Covid, Instagram et Tik’Tok ont pris une part de marché. Les gens marchent à l’émotion. L’audience est plus forte quand le candidat à la notoriété paie de sa personne et invite le public à pénétrer chez lui à l’aide du numérique. Les choses vont parfois très loin dans l’intime.
Reste que, surtout du côté francophone, l’ancienne méthode à la Guy Mathot tient encore la route. Elle consiste à inviter les rombières du parti dans des agapes filmées par des vidéastes professionnels. Le remuant Georges-Louis Bouchez a repris la formule de l’ancien bourgmestre de Seraing à son compte dans la bonne ville de Mons. Cette méthode nourrit ainsi à bon marché les réseaux avides de vécu. C’est d’autant nécessaire qu’à part les convaincus absolus de la pertinence de nos dirigeants « qui vont dans le bon sens », un doute sérieux pèse sur l’honnêteté du personnel politique. C’est ainsi qu’on a appris que si Di Rupo a dégraissé le mammouth financier de 5 %, les indemnités des représentants du peuple ont quand même augmenté de 10 % !
Les séquences vidéos circulent. Il y en a une actuellement sponsorisée par Bouchez sur Facebook. Les agapes se déroulent à Mons, on y voit une salle pleine de gens endimanchés autour de tables rondes recouvertes d’une nappe, afin qu’on ne reconnaisse pas le mobilier de jardin. Seuls les dossiers des chaises pliantes attestent des origines. Vu de loin, l’ensemble ressemble à un dîner chic d’un grand hôtel. Georges-Louis serre des mains, slalome entre les tables l’air complètement ravi. Tout à l’heure, il va monter sur l’estrade, impatient de prouver par le verbe qu’il a absolument raison sur tout. La caméra balaie la salle. Elle s’attarde sur les visages les plus extasiés.
Ces gens, par ailleurs braves commerçants ou employés modèles, c’est plus que la clientèle du MR, c’est partout la clientèle des partis de pouvoir.
Tout le drame de la Belgique en décors carton-pâte est devant nos yeux !
Que nous dit G-L B ?... que tout finit par s’arranger, qu’il ne faut rien changer de la grande ligne classique mondialiste de l’économie de marché. C’est tellement plus pratique de ne rien faire pour finir au même point que ce qu’on voulait faire. Les gens sont ravis. Il leur semblait aussi que ceux qui s’alarment et qui tentent de répandre dans le public la terreur du lendemain, sont des fauteurs de troubles, cause directe de ce pourquoi la conjoncture est mauvaise, mais que l’œil vigilant du président Bouchez a détecté. Grâce à lui, la chienlit ne passera pas. Mieux, elle sera plus surveillée que jamais et pour commencer, les largesses de l’État à leur égard relèvent du passé.
Et voilà la cause pointée du doigt : le chômeur, le parasite. Les gens sont aux anges. Le président vient de les soulager du poids de chercher des boucs émissaires. Ils n’avaient pas à le chercher loin. Certains sont persuadés qu’ils en ont dans leur propre rue.

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Bouchez finit par lâcher un scoop. Nos chômeurs sont tellement nuisibles qu’ils ont transmis leur poison jusque dans les rues de Washington où des Américains, jadis citoyens exemplaires, protestent aussi en n’essayant même plus de chercher du travail.
« Jusqu’en Amérique » disent les gens tétanisés par l’info.
La soirée se termine. Certains veulent que les chômeurs aient un chef et que ce chef, soit Di Rupo !
La charge de Bouchez sur le Montois dans un de ses propos « confidentiels » pour une table va trop loin. Elle est entendue par une moitié de la salle. Il n’a jamais dit cela, même s’il l’a pensé. Tout le monde s’esclaffe.
Les esprits s’échauffent au pétillant espagnol à 5 euros la bouteille.
Les écolos en prennent pour leur grade, comme si la planète avait besoin d’eux pour fournir aux entreprises tous les métaux et tous les fluides dont elles ont besoin. Les ressources sont infinies et ce n’est pas possible que nous soyons dans l’alternative de changer ou de disparaître.
La salle comblée s’écoule dans la rue par petit groupe. La caméra la suit. Elle disparaît dans la nuit profonde ;
Il fait froid, il fait moche. La réalité saute aux yeux.
Sans le mousseux espagnol et le plaisir d’être entouré de gens qui pensent comme vous, on refait la soirée en maugréant un peu, en cherchant sa voiture.
Des ombres sortent des ruelles. Mons est sale et mal éclairé. Les travaux de la gare ne sont pas terminés, loin s’en faut. Tout va de travers. En rentrant dans la boutique familiale, la chape de plomb des emmerdements retombe sur le dos du commerçant étranglé. On n’en est pas encore à l’image du président Bouchez, bien nourri aux frais des Belges. Mais il faudrait un rien pour y arriver, comme une facture impayée bien en vue sur le coin du bureau et dont on n’a pas les premiers sous.
C’est souvent à ce moment que les couples s’engueulent, jusqu’à dire que c’est l’autre qui vous a entraîné à ce dîner et qu’il vous a caché qu’il était payant ! Même si c’est minime, ce qu’on a bouffé l’était aussi.
Il faudra attendre le lendemain pour qu’on se remette à penser MR et à voter pour LUI !

1 décembre 2022

… un instant, monsieur le bourreau !

Une réflexion dans Orwell « 1984 » dit tout de notre époque « Les films, le football, les bières et, surtout, le jeu, formaient tout leur horizon et comblaient leurs esprits. Les garder sous contrôle n’était pas difficile ».
Ce qu’Orwell n’eût pas osé écrire en conclusion à l’époque où ces lignes furent publiées, c’est qu’entre-temps, Big Brother n’avait même plus besoin de les garder sous contrôle, les gens se gardaient tout seuls !
C’est une observation que chacun aurait pu faire après les émeutes de Bruxelles et de Liège à la suite de la défaite de nos footballeurs qui vit l’équipe marocaine les battre 2-0.
Tout de suite au signal du Bourgmestre de Bruxelles, la foule désigna à la vindicte générale « des voyous », mêlant sans plus le ketje glandeur des Marolles, le chômeur sans nationalité embourbé dans la délinquance par conviction intime, quelques ivrognes et les fameux blacks Blogs à l’affût d’une castagne, sans oublier le fond du fond, la lie entre deux prises de crack, de ces épaves hallucinées comme on en croise régulièrement en rue.
Voilà la ligne de la « bienpensance » tracée, adoptée d’office et officialisée par les journaux, sur le clin d’œil du bourgmestre de Bruxelles. C’est donc bien à cette version officielle que s’est ralliée la population, dans son ensemble, bien heureuse de se débarrasser des quelques mauvaises pensées qui, un bref instant, l’assaillait.
Pas de soucis, la population s’était gardée toute seule !
Ne l’eût-elle pas fait, qu’eût-elle inventé comme détour pour éviter de buter sur des suppositions tout à fait contradictoires à la pensée unique ? Probablement des raisonnements « populistes », dont on ne sait jamais dans quelle direction, ils partent. C’eût été une alerte rouge pour Big Brother. Faut-il rappeler ce que les Autorités ne veulent pas qu’on sache : le populisme n’existe que par la grâce de l’élitisme, quand la démocratie représentative est en voie de liquidation par ceux d’en-haut !
Vous savez aussi pourquoi la population est sagement restée dans les limites du parcage autorisé ? C’est la glorification du travail. Voilà qui taraude les esprits et ramasse les mises. Le suprême argument de Big Brother : tout le monde aujourd’hui aspire au travail, n’importe quelle sorte de travail, si pénible ou si répugnant soit-il, pour chasser l’âpreté de la vie et bannir de l’esprit les pensées qui tuent. Y a-t-il aspiration plus forte que celle-là ? On n’est pas né de la dernière pluie dans la petite caste fermée des intellectuels gestionnaires de l’État. Cent mille fonctionnaires travaillent pour eux à cette idée, il en va de leurs emplois.

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Tous féroces attachés à ce qu’ils défendent sans même avoir reçu un ordre, par zèle et conviction personnelle, la plus épatante des valeurs après celle du travail : l’amour d’autrui, frère cosmopolite, à cause des hontes anciennes que les arrivants nous rappellent, sinon aux noms de leurs ancêtres, tout au moins selon ce que leur font dire leurs avocats. Ce fardeau supposé justifie ce que nous leur devons, aux yeux des âmes sensibles.
C’est ainsi que le jour de l’émeute nous sommes passés volontairement à côté d’un événement majeur. Le genre de choses qui reste longtemps dans l’inconscient, qui y mijote pour refaire surface dix ou vingt ans plus tard, métalepse du pugilat joyeux en fureur et saccage.
Le gros des casseurs était essentiellement de nationalité marocaine ou assimilé, même si certains, nés en Belgique n’avaient jamais foulé le sol de la patrie sublimée.
Ce fait non reconnu nulle part et avoué mezza voce est le seul et terrible moment de vérité que personne n’a voulu voir et qui cependant est comme un nez au milieu de la figure.
Je voudrais être cannibale non pas pour le plaisir de manger les lanceurs de la pensée unique, mais pour avoir le plaisir de les vomir !
La chose étant déjà vieille d’une semaine et quasiment effacée, on l’oubliera très vite dans le concept officiel et plus secrètement, comme une mauvaise pensée à ne pas révéler. Le match suivant aura droit à une autre fureur, moins cocardière. Si émeutes il y a, ce sera du pain béni pour les autorités qui pourront diluer dans la même marmite deux fureurs complètement différentes et sans aucune ressemblance de l’une à l’autre.
La politique d’accueil à tout qui l’entend des populations de toutes provenances est une monstruosité en elle-même dont la responsabilité entière s’échelonne sur cinquante ans d’erreurs.
Cette société disparaîtra parce qu’elle n’a rien compris de la nature humaine et qu’elle persistera jusqu’au bout dans une obstination criminelle, comme la foi du charbonnier, transfigurée ici en morale, douceur des mœurs et cultures panachées. Le monde occidental sera la risée générale de six milliards d’humains.
On verra comme le triomphe de la vertu peut finir à l’échafaud ! Des peuples qui s’emploient à se défaire de ce qu’ils sont dans une sorte de sublime imbécillité vertueuse, finissent par disparaître avec leurs symboles, leurs cultures et leur mœurs. À se vêtir de la manière des autres, de respecter des religions féroces et conquérantes, des gens de toute part, sachant cela, à l’affût des aubaines, accourent à la curée, sans vergogne, ni obligation, prenant ce qui est bon à prendre, aidés par nos lois, chouchoutés par nos bonnes œuvres. Vous verrez ce qu’il en adviendra. Tandis que nous, nous irons bravement à la mort, sans avoir rien compris, sans avoir rien appris.