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L’uchronie belge.

Les gens ne s’intéressent qu’à ce qui relève de leur côté intime, à leurs petites affaires, plutôt qu’au sort incertain de la Belgique et, par-delà, l’Europe et le monde. Parer au plus pressé de nos existences relèverait du bon sens, sauf qu’on oublie en pleine crise mondiale, de faire une place aux interrogations plus larges.
Lorsque les sujets éloignés de notre quotidien deviennent centraux, c'est l’ordre dans lequel sont sériés nos priorités qui est bouleversé. La guerre en Ukraine est de ceux-là. Plus le citoyen européen vit près des frontières ukrainiennes, plus il est concerné. Le sort de la Belgique endéans les deux législatives qui viennent procède du même ordre, à la différence de l’Ukraine, nous ne sommes pas au bord d’un conflit, nous sommes dedans !
Il est vrai que nous ne pesons pas lourd sur les enjeux actuels en politique intérieure. Et encore, les journaux qui pourraient commenter les événements fédéraux, ne le font que du bout des lèvres, sinon, au prix d’un effort insuffisant à confondre les impératifs locaux et nationaux. La ville de Liège, proxénète en triplant les taxes sur les salons de la galanterie tarifée (heureusement cassé par voix de justice), nous tire l’œil plus volontiers que la veillée d’arme en Flandre d’une ixième réforme de l’État.
Ce qui se cache derrière le paravent de la morale en politique est gravissime. Comment et sous quel Régime allons-nous vivre demain ? On voit bien que l’actuel est à bout de souffle et qu’il peine à trouver une majorité après de longues démarches des formateurs. Les accords ne sont que des propositions qui souvent resteront lettres mortes, détruits parfois par ceux-là même qui les avaient proposés. Le système se satisfait de son surplace au bord du gouffre. Ce pays, dans l’état actuel des choses, n’est plus gérable.

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La morale en politique est-elle un but en soi ou simplement un paravent à l'impuissance des élus écrasés par une fatalité, celle de ne pas s’être adaptés à l’aujourd’hui, en vivant la politique d’hier ?
Il existe des situations où le rappel à la plus élémentaire morale individuelle et civique s'avèrent un préalable à tout échange d'idées. La création de zones linguistiques dans un État d’abord unitaire, puis fédéral était une folie. Y avoir cédé résume tous les malheurs du présent.
Ce découpage honteux faisant des citoyens en principe libres de penser et de parler dans une langue, des rattachés au français ou au néerlandais par la force de la loi, fit définitivement de la Belgique, un pays hors du champ des libertés d’une démocratie.
Des « facilités » à la périphérie de Bruxelles au rattachement des Fourons à une Communauté qui à l’origine n’était pas la sienne, même si la majorité a basculé par l’apport des résidents néerlandais qui ont fait l’appoint des voix pour la Flandre, reste l’épisode de trop qui déjà condamnait la Belgique.
À chaque mise en cause ou à chaque condamnation d'un responsable, s’entend un concert de joie des militants politiques du régime linguistique adverse. Cette animosité aurait quand même dû interpeller le citoyen sur l’immoralité des Lois amenant à l’immoralité des justiciables et des juges.
L'effet boomerang est garanti quand l'indignation d’alors est confrontée à celle que nous vivons en 2022.
Le recours compulsif à la justice que nous avons vécu dans un rôle linguistique qui ne pouvait trancher qu’en faveur de celui-ci, s’il a conforté le point-de-vue d’Olivier Maingain en son temps, n’a laissé qu’amertume d’un côté et sarcasme de l’autre.
C’est du passé, n’en parlons plus, disent les Belgicains. Hé oui ! on n’en parle plus depuis que la Flandre domine la Belgique pour en faire ce qu’elle voudra. Les blessures sont cachées et ne se cicatrisent pas.
Et justement, la Flandre est en position de faire ce qu’elle voudra en 2024.
Le débat public n'est pourtant pas ennemi de la complexité de notre fédéralisme qui au fil du temps est devenu une usine à gaz monstrueuse. Il ne doit pas être non plus l'ennemi du concret et de la vision future. Quelle est cette vision ? Sinon que ceux qui croyaient que le fédéralisme actuel conserverait sous cape tous les avantages à la classe dirigeante rêvant toujours de l’État unitaire, peuvent déchanter. Le risque de la pente que prend actuellement notre vie politique est justement d’arriver à une conclusion à l’inverse de celle que voulait les partis de gouvernement de Wallonie et de Flandre.
Le PS taraudé en Wallonie par le PTB, les partis flamands de gouvernement minés par la N-VA et le Vlaams Belang que reste-t-il à l’État actuel pour défendre son avenir en pratiquant la politique du passé ? Ce qui nous lie à l’Europe, à savoir l’affiliation d’un pays et non pas de deux possédant des noms différents, l’intérêt des banques et des rentiers pour un fédéralisme qui rassemble quand même toutes les opérations qui découlent de l’argent sous un même régime financier, l’avenir de Bruxelles tiraillée entre les deux Régions, elle-même victime du bilinguisme dont on sait les avantages qu’en tire la Flandre, enfin l’avenir faisant du surplace, grâce à l’apathie générale (pour l’heure, elle n’est que wallonne).
C’est mince !

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