L’âme du peuple.
En quoi les foules d’aujourd’hui sont différentes de celles observées par Gustave Le Bon dans son livre « Psychologie des foules » ?
La réponse est dans la courte préface de l’auteur qui fut écrite à la parution de la première édition en 1895.
« L’ensemble de caractères communs imposés par le milieu et l’hérédité à tous les individus d’un peuple constitue l’âme de ce peuple. » Quelques lignes plus loin, Le Bon observe néanmoins « qu’aux caractères ancestraux s’ajoutent une série de caractères nouveaux fort différents parfois de ceux de sa race ». (Inutile d’insister sur le terme inapproprié de « race »)
Les foules de 1900 étaient essentiellement celles des grandes villes nouvellement étendues dans des faubourgs peuplés du transfert des campagnes, d’une population qui passait du travail de la terre au travail en usines. L’ensemble avec les citadins de souche formait un tout ethniquement cohérent, parlant la même langue, ayant les mêmes mœurs et la même religion.
Avec une proportion croissante des composants extérieurs au groupe du type 1900, la foule n’est plus du tout homogène en 2023. Le cosmopolitisme a changé son comportement. Le multiculturalisme a brouillé les pistes.
Mine de rien, c’est l’homogénéité du peuple de la Belle Époque qui fit les grandes grèves, surtout celle sur le carreau des mines comme on peut le lire dans Germinal de Zola. On y vit alors une foule opposée au pouvoir, celle du sabre et du goupillon, rempart des maîtres de forge et de la bourgeoisie rentière et toujours nobiliaire.
De l’agrégat humain de la foule en 2023, la cohérence faisant défaut, il serait donc quasiment impossible de réussir une grève générale dans l’enthousiasme populaire. On pourrait voir dans l’afflux de réfugiés économiques en Europe une perversion du monde capitaliste noyant le peuple dans des situations d’intérêts divergents.
Les meneurs de foule se recrutent selon Le Bon parmi les sujets peu clairvoyants, les névrosés, les excités, ces demi-aliénés qui côtoient les bords de la folie. Tout raisonnement s’émousse contre leur conviction. Le mépris et les persécutions ne font que les exciter davantage. J’arrête ici le portrait du meneur de foule selon Le Bon, il pourrait être transposé au comportement d’un Frère musulman débarquant en Belgique pour y soulever les foules.
C’est sur cette hypothèse que les partis de gauche travaillent. Ils croient pouvoir, en contre-feu, créer la foi politique ou sociale s’ajoutant à la foi religieuse. « De toutes les forces dont l’humanité dispose, la foi a toujours été une des plus considérables » (Le Bon, page 70)
D’où l’intérêt marqué des partis de gauche pour les mœurs et coutumes des musulmans en voie d’intégration dont il n’est plus question d’inquiéter les croyances par des objectifs de laïcisation des populations multiculturelles, comme ce fut le cas jusque dans les années 80.
Il n’y a probablement aucun mot d’ordre chez les Écolos, au PS et au PTB sur la ligne politique à suivre concernant le flux migratoire, ni même chez les partis centristes et de droite. Il n’y a que le constat d’une montée des précarités, pur produit du système économique et non pas de la surcharge due à l’immigration, comme voudraient le faire croire certains.
Que viendrait faire la laïcité parmi une population dont les nouveaux membres seraient parmi les plus défavorisés et dont le seul soutien moral serait la religion, pour la plupart d’entre eux ?
Il est certain que dans ce raisonnement « pratique » entre un calcul électoral qui l’est moins.
Parmi les naturalisés et leurs enfants d’une deuxième génération nés belges, quelle est la personne qui aurait réussi à s’élever comme l’entend l’ordre bourgeois ? Certes il y en a, GL Bouchez vient de parfaire l’ascension de l’une d’entre elles, passant de la notoriété par la télévision à la notoriété politique, sans passer par la case électorale. Voilà bien l’exception qui confirme la règle. Les apports en population de ce pays par un flux extérieur sont voués à la dure réalité de la rue, de la misère et du chômage.
C’est le champ tout trouvé des deux formations de gauche rivales. C’est l’occasion pour l’écologie d’afficher ses préoccupations humaines en saluant le courage des organisations parallèles à Green- Peace et celles tournant autour d’SOS-Racisme.
Adhérer de façon à ce que tout le monde le sache à ces mouvements indiscutablement humains et bienveillants, n’a jamais fait de tort à personne, bien du contraire.
Et la laïcité, dans tout ce brol politique ? Allez voir à Molenbeek, Commune dotée d’une administration socialiste où en est le mouvement laïc ? Vous aurez tout compris.