Quel rapport entre immigration et délinquance ?
Faut-il être gonflé pour aborder un sujet pareil, de quoi se faire injurier par une moitié des lecteurs et se faire encenser par l’autre !... sauf si on est assez con pour se croire assez malin à passer entre les gouttes.
Du point de vue électoral, le peuple se sent privé de représentation et dépourvu de prise sur la décision politique. De ne l’avoir pas compris, le PS, tout en restant le premier parti de Wallonie, perd de sa superbe à chaque législative.
La cécité de ses leaders qui s’imaginent qu’on adhère au parti pour eux est sidérante.
Le dernier à s’en mordre les doigts fut Jean-Claude Marcourt qui crut que les militants le retiendraient par la manche, l’empêchant de descendre du perchoir du parlement wallon. Alors que sa chute s’accompagne d’un « ouf » de soulagement général.
Non seulement cette gauche-là ne reconnaît plus le peuple, mais elle est amenée par des combinaisons de parti à le réprouver dans des gouvernements de coalition, droite-gauche. Qu’avons-nous retenu d’Elio Di Rupo lorsqu’il fut premier ministre, sinon des mesures restrictives rendant plus contraignant l’accès des jeunes au chômage ?
Un mur s’est dressé entre les élites et la population, entre une Belgique officielle avouable, pétrie de nobles sentiments et un pays des marges déposé dans l’ignoble, qui puise dans le déni opposé à ses difficultés d’existence l’aliment de sa rancœur.
Aujourd’hui, l’abandon des buts et des moyens du socialisme est opportunément masqué par une campagne antiraciste à propos de la montée des violences qu’infère la responsabilité de l’immigration clandestine, sur la partie la plus éprouvée de la population.
En couvrant leur corruption du sceau de la morale, les partis sont en campagne contre un racisme fruit de l’exaspération populaire qui semble être l’avatar bienvenu, dans le cas d’une économie en état de crise raclant les fonds de tiroir. La preuve, les Lois contre les mots et l’interdiction de s’en servir.
La démocratie est un régime qui prend le risque d’ouvrir la porte aux démagogues. Avec cette campagne permanente contre le racisme, nous y sommes.
La société politique belge n’a pas été capable de faire face au problème de l’immigration. Les pays voisins non plus d’ailleurs. Cependant, c’est trop facile de faire porter le chapeau à l’Europe en reportant sur celle-ci toutes les erreurs que nous avons commises du chef d’un Etat souverain.
Ce problème a été longtemps évité par un accablant portrait du citoyen raciste qui refuse d’ouvrir grands les bras à l’infortune venue d’ailleurs.
Deux sentiments contradictoires se sont immédiatement opposés tenant les partis en éveil. Le mauvais avec au sommet une extrême droite prête à accréditer la thèse du grand remplacement. Le bon avec toutes les associations bénévoles dans un bouquet dont l’ornement principal est SOS Racisme et ses dérivés. Ces derniers, fussent-ils les meilleurs, ne sont pas une politique, ce dont nos partis ne se sont pas aperçus.
Abandonner le terrain avec le secret espoir que le bon vaincra le mauvais est une illusion qu’Alexander de Croo cultive avec tendresse.
La vocation de tout gouvernement est de se résoudre à l’action quand il y a urgence. Ce serait une grave erreur d’abandonner le terrain à l’affrontement entre le délire xénophobe et la « fantasmagorie égalitaro-différentialiste » (Marcel Gauchet). C’en serait une autre de se focaliser sur la seule question de l’immigration.
La petite délinquance, l’incivilité dans les écoles et l’insécurité dans les transports en commun ont plus fait que maints autres facteurs communément évoqués, pour modifier le climat des rapports entre les gens.
Abandonner la question de l’immigration aux seuls acteurs de la philanthropie accueillante serait donner à croire qu’il y a un rapport étroit entre la question de l’immigration et la délinquance que l’on veut nous cacher en surinformant sur les sauvetages en mer, mais aussi les noyades, etc. Or, s’il en existe indubitablement un, il est important d’en limiter l’exacte proportion pour n’en pas accabler la population immigrée et d’en faire une cible à toutes les malveillances.
Une technocratie moderniste et un engorgement des dossiers dans les procédures dû au manque de personnel sont propices au renoncement de fait devant « la petite délinquance », justement celle qui affecte les habitants des quartiers. Le ménage est fait entre l’important et le subalterne, d’où le nombre inquiétant de dossiers sans suite, voire de plaintes non instruites et abandonnées parfois à l’insu du plaignant. C’est inadmissible.
Manquer au devoir de protection qui engage le pouvoir envers les citoyens, c’est remettre en cause les raisons qui font la démocratie. Nous avons besoin d’être informé sur la petite délinquance, ses origines, ses causes, comme de connaître avec exactitude la part qu’y prend l’immigration. Enfin, nous attendons de tous les futurs gouvernements des actions sérieuses de lutte contre ce fléau.