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Brussels off limits…


Bruxelles est le nœud gordien de la Belgique. Que l’on trouve un accord entre les trois Régions sur le sort de la ville et c’en est fait du pays.
Alors, on peut être rassurés disent les Belgicains, ces bourgeois patriotes qui ont un patrimoine épars sur trois frontières. Il doit bien y avoir quelque part un accord possible disent les séparatistes et les rattachistes.
On en est là. La bonne solution est d’autant impossible à trouver qu’usant de leur nombre dans le pays, les Flamands pèsent sur le Fédéral en imposant à Bruxelles des pouvoirs disproportionnés pour une minorité de Bruxellois se déclarant Flamands.
Le comble, c’est dans ce Bruxelles francophone que par défit ils ont installé leur Parlement régional, montrant ainsi leur volonté de passer outre l’opinion publique lorsqu’elle ne coïncide pas avec la leur.
L’ambition ainsi déclarée, les Flamands ne sont manifestement pas près d’abandonner Bruxelles aux Bruxellois, sachant qu’une pareille alternative les verrait déménager leur Parlement à Gand et abandonner à la bonne volonté des Francophones le sort de la minorité flamande.
Ils se doutent bien qu’avec l’exemple qu’ils donnent chez eux du peu de cas qu’ils font des minorités francophones, du sort que les Bruxellois réserveraient à leur minorité dans la capitale.
L’absence d’un recensement linguistique, rejetée avec force par la Flandre, est bien entendu la pierre d’achoppement qui manque si l’on veut proportionnellement accorder des compétences par langue parlée, sans se référer à la frontière linguistique, cette ligne imaginaire d’inspiration flamande bloquant des statistiques, dont l’ersatz fige la pratique de la langue sur son territoire.
L’idée d'un recensement linguistique dans les communes "qui avoisinent Bruxelles", n’est pas mauvaise. On saurait "une fois pour toutes ce que doit être la Région bruxelloise". Inacceptable au Nord ? "Pourquoi devrions-nous considérer que BHV est scindable et pas faire un recensement ?" Au Nord, on a tonné. Et pour cause, on a une petite idée du « grignotage » du flamand par les habitants de la périphérie bruxelloise qui francophonisent autour d’eux, non par militantisme, mais par le rayonnement d’une langue latine, sur une langue germanique.
Ce recensement linguistique vilipendé par les Flamands, dit tout sur l’évolution des gens dans leur choix de la langue usuelle parlée. La progression du français en Flandre est le désastre caché qui dit tout sur les références dépassées des quotas accordant à la Flandre plus de pouvoir au Fédéral que logiquement elle devrait avoir.

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Pour la petite histoire, en 1947, les résultats du recensement linguistique furent si défavorables à la Flandre qu'ils ne furent pas publiés. Ils ne le furent qu'en 1954. C'est alors que trois communes du Brabant flamand, où les francophones déclarés dépassaient les 50 pc, rejoignirent le giron bruxellois (Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren). Dès lors, au recensement qui suivit, en 1960, des bourgmestres flamands en renvoyèrent le volet linguistique en toute illégalité - restée impunie. La frontière de 1963 s'ensuivrait, avec "l'échange" entre Fourons et Mouscron-Comines que l'on sait et les 6 communes à facilités de la périphérie (qui eussent été 11 si les francophones avaient concédé des facilités à La Hulpe, Braine-l'Alleud et Waterloo).
Un recensement linguistique persiste. Par la bande. C’est celui des urnes et des élections. Les résultats électoraux fournissent une évaluation fiable des rapports de force. Ainsi, pour la Chambre, le pourcentage des listes francophones augmente dans les cantons de Hal-Vilvorde : 18,8 pc en 1999; 20,5 pc en 2003; 22,2 pc en 2007. En extrapolant, on atteint les 100 000 francophones dans la périphérie. Tandis qu'en quatre ans, les listes flamandes dans les 19 communes bruxelloises ont reculé, de 15,5 à 11,5 pc.
Enfin, reste le gros morceau que sont les Institutions européennes qui ne sont pas en faveur d’un éclatement de la Belgique en trois Régions séparées.
Bruxelles, capitale européenne est connue dans le monde entier sous cette appellation. Les tribulations flamando-bruxelloises pourraient se répandre partout si elles prenaient une autre dimension que la zwanze des marionnettes de Toone.
On est dans le flou absolu qu’une solution bancale, favorisant comme d’habitude au Fédéral une majorité flamande supposée, ne provoque des réactions soutenues par 26 pays sur 27 que comptent l’UE.
Alors, l’effet d’annonce de Bart de Wever d’une ixième révision de la Constitution sur le Confédéralisme à partir d la législature de 2024, n’avait que pour ambition de replacer la N-VA devant le Vlaams Belang dans un futur sondage.
À moins d’abandonner toute ambition sur Bruxelles et ne plus rêver d’une entité flamande reconnue comme un pays à elle toute seule, il est possible d’encore imaginer quelques billevesées dans un nouveau costume de la Constitution qui satisferaient le nationalisme flamingant. Mais ce serait, une fois de plus, par la lâcheté d’un Fédéral soumis à la volonté flamande.

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