Federatie of Confederatie ?
On croyait avoir touché le fond à propos de notre Constitution. À moins d’en faire un chiffon de papier comme Staline des Traités, c’est toujours, qu’on le veuille ou non, l’élément nécessaire à la cohésion d’un État, sa colonne vertébrale bancroche, telle une oisellerie pleine de perroquets.
Le texte trilingue est plein de ratures, de repentirs de traits de hardiesse émancipatoires aussi, bref, c’est une mouture confectionnée par trois générations de politiciens maniaco-dépressifs, effrayés à la perspective des micmacs linguistiques et des joyeusetés d’un Parlement flamand tatillon. Ils avaient les miquettes, rien qu’en la sortant du tiroir, pour un replâtrage.
Bart De Wever remet le couvert pour 2024. Ses récentes prises de position sont claires. Notre homme pousse à une ixième révision de la Constitution. Cette fois ce serait la belle, qui dirait de l’irréversible. On passerait du fédéralisme au confédéralisme.
Il n’y aurait même pas besoin de sombrer dans la procédure, avec le quorum de députés et tutti quanti, puisqu’il est vrai, depuis belle lurette, qu’on la prostitue à la mode du jour, sans tambour ni trompette, à la sauvette, pourrait-on dire, en oubliant tralala et solennité. Ces dernières années, elle servait de thermomètre dans l’anus de Filip Dewinter.
Tout de suite Écolo a mis le doigt sur ce qui fait mal. Voit-on deux, voire trois Code civil différents, dans un pays comme le nôtre, tant les entreprises sont imbriquées dans des zones à cheval sur deux Régions ! Les délits et les condamnations seraient moins lourds ou plus lourds selon les États confédérés !
On voit d’ici le criminel spéculer sur le lieu où il serait plus « intéressant » de commettre son crime !
Nous sommes déjà la risée de nos voisins, à tout le moins sommes-nous plus surréalistes que jamais, aux yeux des Français. De ridicules, nous passerions à grotesques. Du coup, l’usine à gaz Belgique déjà nuisible par sa complexité et son coût élevé dus au personnel pléthorique de fonctionnement, deviendrait impossible à gérer.
Néanmoins, en connaissant l’obstination de la N-VA, qui a le Vlaams belang au train, on peut être certain que De Wever ne lâchera pas le morceau, même si sa position a beaucoup à voir avec celle des électeurs de son bord. Et pour cause, depuis qu’il tape sur le clou, pas mal de Flamands se sont convertis à l’idée.
De toute évidence, le confédéralisme ne durerait pas longtemps. Si notre Fédération est pitoyable et ubuesque, une confédération avec les éléments dont on dispose, les antagonismes et la guerre des langues sur des territoires grands comme des mouchoirs de poche, ne tiendrait pas cinq ans !
Et quand bien même on mettrait plus longtemps à s’apercevoir que nos législateurs on fait une connerie, on en reviendrait au problème inextricable qui s’appelle Bruxelles.
La Flandre n’a quand même pas pour objectif d’annexer Bruxelles, comme Poutine, l’Ukraine !
D’autant que la Ville est le siège des Institutions européennes. Quid de l’adhésion de deux États au lieu d’un à l’UE ? Enfin, tout ce que cela suppose de nouveau au sein des Institutions et de la représentativité des États, ce n’est pas simple. Il est vrai qu’avec le Brexit, on en a vu d’autres.
On pourrait scinder la capitale, il y aurait Brussels et Bruxelles. Le confédéré francophone garderait la zone du Petit Sablon pour y liquider ses vieilleries et en hommage à la série culte d’Affaires conclues.
C‘est fou comme les problèmes graves et sérieux deviennent des bouffonneries sans nom, dès qu’ils ont pour théâtre les rapports Flandre-Wallonie. On voit d’ici la dispute des géomètres délimitant la frontière des langues.
Oui, au fait, la frontière linguistique serait celle qui limiterait les deux états confédérés ? Franchement, ce n’est pas sérieux.
Sait-on d’abord de quoi on parle ?
Une confédération est une union d'États indépendants qui délèguent l'exercice de certaines compétences à des organes communs destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines, sans constituer cependant un nouvel État superposé aux États membres.
On délègue le football et l’un ou l’autre gadget électronique dont Mathieu Michel, secrétaire d’État a dressé la liste durant ses heures de loisir. Et chacun garde jalousement sa diplomatie, le commerce extérieur et l’armée.
« La nature des relations entre les membres d'une confédération varie considérablement. De même, les relations entre les États membres et les institutions communes et la distribution des pouvoirs entre eux est hautement variable », écrit Wikipédia.
Allez ! on a de la ressource pour les chicaneries.
Voilà qui pourrait intéresser maître Marc Uyttendaele, à la recherche d’une affaire plus compliquée que celle de la princesse Delphine.
En parlant de la princesse, que deviendraient Philippe et Mathilde, en confédération ? Une royauté bicéphale ? Quaregnon et son château siège du règne de Philippe, roi des Wallons ?
Di Rupo en grand chambellan avec chapeau et tête à claque, on en raffole à l’avance.