FÉVRIER 2023 !
La plupart des gens y ont pris leur parti. La société de consommation n’est acceptable que parce qu’on y consomme. On passe sur ce qui est condamnable et qui tient à la justice sociale et à l’éthique. Mieux, on n’y pense pas, ce qui dispense d’être inquiet. Il y aurait trop de choses à dire et le consommateur en général ne peut pas consommer et contester en même temps, c’est une question de digestion.
Cependant, dans le système économique qui pourvoit à nos appétits, il y a des failles. Qu’on ne les perçoive pas n’influence en rien de leur présence et de leur pesanteur sur nos vies.
Ces failles ont des noms : crise financière, dépression et même stagflation. Ce moment clé où le chômage part en flèche et que le marché s’effondre sans perspective de redressement.
C’est un leurre maintes fois agité par les libéraux et qu’ils nous expliquent à leur manière dans le but de nous rassurer : entre deux abondances, il y a un temps de repos au cours duquel la machine se répare pour acquérir plus de puissance et repartir de plus belle.
Pendant ce court séjour la machine est en danger. Pour fabriquer la saucisse de Francfort et ses relais en 3 D, elle a aussi produit du chômage et agrandi les écarts entre les citoyens. Au lieu du rattrapage promis, c’est le contraire qui se passe. Quelques-uns s’en tirent très bien, tandis que les neuf-dixièmes de ceux qui font l’économie tombent dans un trou. Les parois sont lisses et on s’y cassent les ongles.
Mais la plupart dans la fosse croient encore à la grand’messe libérale. Les gens sont patients, ils sont convaincus de ce que les libéraux leur racontent. Par exemple que l’accroissement des productions est perpétuel, que nous sommes à un palier et que la montée continuera comme par le passé, qu’il suffit d’un peu de patience. L’économie se remettra en marche et rattrapera le temps perdu.
On saupoudre ce message d’une fine pincée d’écologie et on assure que même productif comme hier, on a fait ce qu’il fallait pour redonner du tonus à la planète.
Oui, mais on entend ce discours depuis 2020. Trois ans plus tard, le palier est devenu un boulevard qui aurait plutôt tendance à descendre plutôt qu’à monter. Mais non, soufflent les voix des anges de l’économie de marché, « c’est un faux plat », comme en cyclisme.
Les libéraux nous auraient-ils menti ?
L’inflation détruit chaque jour un peu plus le pouvoir de consommer, un marasme économique est en train de s’installer et la crise semble se nourrir des mesures prises contre la Russie avec laquelle nous ne voulons plus commercer tant que durera la guerre en Ukraine.
Les « responsables » de nos destinées cachent leur inquiétude et tentent de nous rassurer, encore et toujours. Le « tout va bien » est une seconde nature chez eux, le mot de passe du parfait VRP en vente rapide des produits qui commencent à sentir l’arnaque.
Il y a une chose qu’ils croyaient définitivement ancrée dans la tête des consommateurs et qui tend à disparaître : l’assurance que ce système économique est le meilleur du monde, qu’il est irremplaçable.
C’est à l’ampleur des dégâts et à l’irréversibilité d’une mauvaise situation vers une meilleure vie que vont les premières critiques qui se font entendre parmi la masse des consommateurs, toujours mastiquant et indifférente la plupart du temps, même aux gros événements, comme la guerre en Ukraine avec une forte probabilité qu’elle s’étende chez nous.
Soudain un certain bon sens gagne les esprits. Comment a-t-on pu imaginer un système à la croissance éternelle dans un monde fini géographiquement et matériellement, dans lequel on inventorie ce qu’il reste à consommer, jusqu’à épuisement des sols et des matières extraites ?
Comment a-t-on pu croire que l’accroissement mondial des activités ne nuirait pas à l’environnement jusqu’à l’air qu’on respire ?
Enfin, pour les âmes sensibles, comment a-t-on pu les convaincre que l’excès d’accroissement pourrait nourrir les pauvres et les laissés-pour-compte du trop plein de nos poubelles, au point qu’à midi les sept milliards que nous sommes ici-bas dressent la table et ont à profusion des baguettes de pain, du vin et du Camembert ?
À cet instant, une partie supplémentaire des consommateurs se rend à l’évidence. Les libéraux nous ont vendu un monde artificiel, bidon même, soit par bêtise, soit par calcul !
Qu’importe, ils nous ont menti !
Il est de toute évidence que la majorité d’entre eux, c’était par bêtise, tandis qu’une minorité agissait par calcul.
Mais encore, si l’évolution du marché n’est pas la bonne, alors que depuis la fin du millésime précédent, la voie royale semblait être le « néolibéralisme », soit la privatisation généralisée et la fin d’une gouvernance de l’État, laissant au privé le soin de s’approprier les dernières propriétés des citoyens. Tout n’était que chimère !
Qu’enfin des libéraux intelligents doivent revoir leur copie et nous présentent une nouvelle manière de consommer autre que « néo » !
Arrivés à ce stade de la réflexion, les consommateurs passent de fait dans un autre camp de celui du système et qu’ainsi, ils acquièrent une autre dimension beaucoup plus dangereuse et moins manipulable pour un pouvoir troublé par la grossièreté de ses échecs.
C’est le phénomène que l’on peut observer en ce février 2023.